Affaire Roukia. Les avocats dénoncent les pressions de la justice

Maître Nadjim HAMADA(à gauche)et Maître Catherine PREAUBERT(à droite)
Les avocats de la partie civile et d’une partie de la défense dans l’affaire ROUKIA qui implique plusieurs membres du groupement d’intervention rapide(GIR) pour trafic de drogue demandent solennellement à l’ Etat de faire cesser les pressions dans ce dossier sensible .
Les avocats demandent également aux syndicats de magistrats, d’avocats et de journalistes de « se mobiliser pour obtenir de l’Etat que cessent les pressions inacceptables auxquelles(ils) sont soumis »écrivent-ils dans une déclaration commune rendue publique lundi.

« L’affaire Roukia »porte le prénom d’une Comorienne de 18 ans décédée en janvier 2011 d’une overdose avec de la drogue qui aurait été introduite par des forces de l’ordre à Mayotte.
L’affaire connaît depuis des multiples rebondissements : le juge d’instruction, Hakim Karki a été espionné par un collègue de son tribunal. Plusieurs tentatives pour le dessaisir du dossier n’ont pas abouti.
Les quatre avocats signataires de la déclaration commune(Mansour KAMARDINE, Said LARIFOU, Nadjim AHAMADA et Catherine PREAUBERT  estiment que tout est fait pour étouffer le dossier, qui implique trois gendarmes et un policier, tous venus de La France métropolitaine et membres du groupe d’intervention rapide(GIR).
Maître Mansour KAMARDINE

Outre le juge d’instruction, visé par une plainte pour violation du secret de l’ instruction, l’avocat de la famille de Roukia, Mansour KAMARDINE, fait l’ objet d’une plainte pour subordination de témoins.
 
UN PATRON DE PRESSE EN GARDE A VUE.
 
Plusieurs journalistes de médias locaux ont été inquiétés. Patrick MILLAN, patron du groupe de presse France Mayotte Matin et Kwezi FM Radio et Télé, a été placé en garde à vue vendredi durant neuf heures dans le cadre d’ une plainte pour violation du secret de l’ instruction. Mercredi, c’est le directeur de publication du journal Upanga-sorte de Canard Enchaîné local- qui comparaîtra devant le tribunal correctionnel pour diffamation.
 
UNE JUSTICE COLONIALE A MAYOTTE .
 
« C’est inédit en France(…)C’est très grave et ça suffit. Ceux qui veulent intimider et faire pression sur le juge, sur les avocats et sur les journalistes n’ hésitent pas non plus à user de menaces contre les témoins(…)Qu’on laisse le juge Karki faire son travail sereinement »,a déclaré Maître Catherine PREAUBERT  au reporter de « Mayotte 1ère.fr ».
 
« C’est choquant parce qu’on est en train de salir les insignes de la République française. C’est à se demander si Mayotte est vraiment un territoire de la république française. Des moyens de l’Etat sont mobilisés pour étouffer l’affaire et dessaisir le juge d’instruction. La France a beau jeu de donner des leçons de démocratie au reste du monde mais on assiste à Mayotte à une justice coloniale »,a souligné pour sa part Maître Mansour KAMARDINE.
 
Maître Nadjim AHAMADA

Maître Nadjim AHAMADA estime anormal que les autorités de la gendarmerie donnent des instructions au parquet alors que c’est le contraire qui se fait selon les procédures normales.
« On élude et on oublie la victime Roukia(…)Qu’on laisse le juge instruire à charge et à décharge pour que la vérité éclate. Si les gendarmes ont fauté , qu’on le dise . Cette  façon  de pratiquer la justice aujourd’hui à Mayotte est une façon de faire d’un autre temps. On viole la séparation des pouvoirs(…) », a conclu Maître Nadjim AHAMADA.