MAYOTTE : Réactions des élus et des syndicalistes sur les décrets Lurel pour les prix des carburants en outre mer

Les élus et syndicalistes de Mayotte  se réjouissent de la signature des décrets Lurel sur la régulation des prix des carburants en outre mer et expriment leur détermination à poursuivre la lutte contre la vie chère au niveau des autres produits.


Les conseillers généraux  et syndicalistes de Mayotte expriment leur satisfaction et leur détermination à poursuivre la lutte contre la vie chère au niveau des autres produits.

RIFAY SAID HAMIDOUNI, président de l’association des consommateurs de Mayotte (ASCOMA) estime que le décret Lurel s'inscrit dans la ligne des revendications exprimées par son association depuis 2007.

" On avait commencé depuis cette époque à réclamer une révision des marges bénéficiaires par secteur, par niveau et le décret Lurel n’a fait que reprendre le travail que nous avons engagé pour l’intérêt de tous.
Je félicite le ministre Lurel pour ce travail accompli pour la justice sociale et le développement économique des territoires ultramarins. Nous tenons à ce qu'il se poursuive au niveau des matériaux de construction,  au niveau des assurances comme cela a déjà commencé au niveau des banques.", a déclaré , le président de l’ASCOMA.

Riffay Hamidouni a dénoncé le mépris de Total envers les consommateurs mahorais et a suggéré la mise en place d'une section " carburants " à l’observatoire des prix de Mayotte.

Issiaka Abdillah, conseiller général de Bandraboua au nord de l’île soutient pour sa part Victorin Lurel et son action pour venir à bout des marges bénéficiaires qui pénalisent les consommateurs et les économies en outre mer.

" Total bénéficie d'une situation particulière ici parce qu'il n’y a pas de revendeurs. Total stocke avec sa société de stockage et en même temps il  a sa société de distribution. Les marges de Total à Mayotte sont exagérées et asphyxient l’économie .Faire grève dans un territoire où  TOTAL  bénéficie de tous les privilèges, c'est hors du temps. Le préfet a eu raison de prendre des réquisitions. Total se prend pour le maître du monde mais quand il s’agit d'aller négocier avec des pays producteurs de pétrole, pour aller découvrir des niches  d'exploitation, c'est le gouvernement  qui va déployer une diplomatie.Total doit comprendre que même si c'est une société privée, c'est l'état français qui permet à ces sociétés de s'installer de par le monde, par les actions diplomatiques menées par les différents gouvernements de la République. Total doit tenir compte de ça.», a souligné Issiaka Abdillah .

ALI MOUSSA , conseiller général de Chirongui déclare que le caractère monopolistique de Total à Mayotte lui confère tous les droits

Les grèves sans préavis de Total Mayotte ont pris les populations  et l’économie mahoraise en otage.Je pense qu' étant donné que Total n’a pas respecté ses engagement par rapport au marché du pétrole à Mayotte, on doit ouvrir ce marché à la concurrence.
Le décret Lurel est bienvenu parce qu'il régule le prix du carburant à Mayotte et donne satisfaction aux consommateurs.Je demande l’ouverture à la concurrence, cela permettra de casser l’aspect monopolistique de Total sur l ile il faut que Total sache que si aujourd'hui il a un marché à Mayotte, il peut aussi le perdre un jour.", a averti le conseiller général de Chironguui , Ali Moussa.

JACQUES MARTIAL HENRI, Vice président du conseil général a rappelé que la société Total a le monopole (de fait, Ndlr) sur l’importation des carburants et des gaz mais Total Mayotte n’a pas celui de la distribution et de 

la commercialisation des carburants.
 
"N'importe quelle société peut se créer, remplir les conditions et commercialiser les carburants...On a été surpris par la grève de Total et c’est une situation qui a causé un désagrément total à la population...Le conseil général est largement disposé à mettre à disposition du foncier pour n'importe quelle société locale, régionale ou internationale qui souhaiterait s'installer à Mayotte afin de commercialiser le carburant,  gérer une station service ... sur ce point, il n ' y a aucune règle qui l' interdit", a dit Jacques Martial . 
 
Zaidou Tavanday , Conseiller général UMP de Mamoudzou 2 a expliqué pour sa part qu'  à Mayotte où on a mené une longue grève de 44 jours contre la vie chère en 2011, on ne peut qu'être  d'accord qu'un ministre d'un gouvernement de France se donne beaucoup de mal, dépense beaucoup d'énergie  pour faire  baisser les prix des carburants. 

" Là - dessus,  je crois que tout le monde se retrouve...Mais j’ai regretté la suffisance, l’arrogance de Victorin  Lurel alors que le rôle d'un ministre est de créer le lien entre  l'entrepreneur et le citoyen. Son attitude a provoqué  un combat de coqs, un combat  passionnel qui a fait qu’à un moment les pétroliers ont pris en otage les citoyens, ce qui était une catastrophe.  J'ai donc regretté sur sa manière de faire  mais sur le principe, sur son combat contre la vie chère, on ne peut qu’être d'accord" a confié Zaidou Tavanday.

...  " Le cas de Mayotte où Total détient un monopole est singulièrement grave. On a entendu les pétroliers dire que lorsqu'on va les contraindre de baisser leurs marges, ils vont les récupérer ailleurs en refusant de signer les contrats de gérance des stations et peut être aussi de casser de l' emploi en mettant des pompes automatiques dans les stations  , cela nous interpelle , nous  élus mahorais parce que c'est déjà le système qui existe à Mayotte , c'est le même pétrolier qui a la main sur toute la distribution. L’Etat français s'est honoré  2003 en accompagnant  le conseil général pour externaliser la vente de pétrole, je pense qu’après 10 ans, il (l’Etat)  s'honorerait aussi à discuter avec le conseil général pour voir comment on peut diversifier cette commercialisation des carburants à Mayotte", a conclu Zaidou Tavanday.
Emmanuel Tusevo Diasamvu , Correspondant de l' Agence France Presse( AFP)