Ce mardi 16 juillet marquera les quatre mois de l'opération Mayotte place nette. Ce "Wuambushu 2" devait initialement durer 11 semaines, une opération d'ampleur des forces de l'ordre pour lutter contre l'immigration clandestine, la délinquance et l'habitat insalubre. La préfecture organise ce mardi une conférence de sécurité, en présence de la presse et des élus locaux, notamment pour présenter le bilan de l'opération. Le préfet François-Xavier Bieuville sera d'ailleurs l'invité du JT de 19h de Mayotte la 1ère pour commenter ces résultats.
Les ambitions fixées par le gouvernement étaient hautes. Le jour du lancement de l'opération, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux annonçait sur France 2 l'objectif d'interpeller "60 chefs de bande" et de démanteler 1.300 habitats insalubres. Lors de la première opération Wuambushu, le bilan était de 1.300 interpellations dont, là aussi, "60 chefs de bandes", de 700 décasages contre un objectif d'un millier. Près de 25.000 reconduites à la frontière ont été menées en 2023, autant que l'année passée. Un bilan en demi-teinte, comme ont fini par le reconnaître les autorités.
Un mode opération plus offensif
"Le mode opératoire change, nous sommes beaucoup plus offensifs. Nous avons renforcé le Raid, le GIGN, des équipes spécialisées dans ces tactiques d'intervention", avait annoncé le préfet au lendemain du début des opérations, en reconnaissant avoir tenu compte "des quelques ratés qu'a pu connaître Wuambushu." 1.700 policiers et gendarmes ont été mobilisés sur cette opération, notamment en renforçant les moyens d'enquête.
Le dernier bilan communiqué date du 3 mai : en déplacement à Mayotte, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux avait notamment évoqué les chiffres de 250 cases détruites et de 22 chefs de bande interpellés sur 60 en 17 jours d'opération. La préfecture lui préfère le terme de "cible prioritaire", ce chiffre regroupant aussi bien des faits de violences que la condamnation d'un marchand de sommeil à Pamandzi.
Une communication sur les réseaux sociaux
Si certaines opérations ont pu être médiatisées, comme le décasage de Doujani ou les contrôles menés à la halle des pêcheurs de Mtsapéré, l'essentiel de la communication sur cette opération Mayotte place nette s'est déroulée sur les réseaux sociaux. Sur les pages Facebook de la préfecture, de la police ou de la gendarmerie, de nombreux posts accompagnés de photos et de vidéo, annoncent brièvement les résultats des différentes opérations des forces de l'ordre.
Accompagné de la mention "MAYOTTE PLACE NETTE", la préfecture annonce pêle-mêle une opération de destruction de charbonnières dans la forêt de Mtsangadoua ce lundi, une opération de sécurisation à Dzoumogné le jeudi 11 juillet ou encore une opération de lutte contre les squats à Pamandzi la veille. Si la période de réserve électorale durant les élections législatives a coupé court à ces communications, on peut également citer des interceptions de kwassas en mer, une opération de contrôle des véhicules transportant des poissons frais ou encore des décasages à Mangajou et à Dzoumogné.
Et le rideau de fer maritime ?
En parallèle de cette opération Mayotte place nette, le gouvernement avait également promis la mise en place "d'un rideau de fer maritime" contre l'immigration clandestine. Certains éléments ont déjà été mis en place : "en termes maritimes, ce sont neuf intercepteurs, deux vedettes, en termes d'aviation, c'est un avion civil déployé en ce moment. Mais également militaire, avec dans le cadre de Place nette, un bâtiment de haute mer, le Champlain, qui est situé dans le canal du Mozambique", énumérait la ministre Marie Guévenoux le 3 mai.
"Ce sont des moyens techniques, des éléments sous-marins, de détection, d'anticipation. Nous avons passé un certain nombre de commandes, d'appel à manifestation d'intérêt pour avoir des réponses technologiques adaptées à ces missions. Nous sommes en train de les engranger", avait détaillé le préfet François-Xavier Bieuville mi-avril. Il avait alors annoncé que le dispositif sera présenté à la fin du premier semestre. Reste à savoir si la dissolution de l'Assemblée nationale a également mis fin à ces ambitions, comme ce fut le cas avec le projet de loi Mayotte.