Selon la ministre des Outre-mer, la deuxième opération Wuambushu est en cours de préparation par le nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Si le retour de ce dispositif avait été demandé par certains élus ces derniers mois, la première opération avait pourtant déçu la population. Révélée en février 2023 par l'hebdomadaire Le Canard enchaîné, cette "opération d'ampleur contre l'insécurité et l'immigration" n'a été confirmée que quelques jours avant sa mise en place, le 24 avril.
Blocages diplomatique et juridique
1.800 gendarmes et policiers ont été déployés à Mayotte, notamment pour lutter contre la délinquance, sécuriser les opérations de destructions d'habitats informels et expulser les étrangers en situation irrégulière. L'opération débute par une crise diplomatique : les Comores refusent de laisser accoster ses ressortissants expulsés de Mayotte. La situation perdurera pendant un mois, un accord sera finalement trouvé sous la pression de la France de couper l'aide au développement versée aux Comores. Les départs se font en revanche au compte-goutte, l'archipel affirmant n'accepter que les départs volontaires.
Les opérations de destructions d'habitats informels ont aussi été marquées par les obstacles juridiques. Dés le premier jour, les premières démolitions prévues dans le bidonville de Talus 2 à Majicavo ont été suspendues par le juge des référés. Au terme d'un feuilleton judiciaire, le décasage ne sera autorisé par la justice que près d'un mois plus tard, le 17 mai.
Autant de reconduites qu'en 2022
Initialement prévu pendant deux mois, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annonce lors de sa visite à Mayotte le 24 juin le prolongement de l'opération. Une semaine plus tard, une partie des renforts déployés doit repartir dans l'Hexagone face aux émeutes liés à la mort de Nahel. Fin août, une autre partie des effectifs finissent par quitter le territoire. Le préfet Thierry Suquet annonce alors que "L’opération Wuambushu n’est pas finie, elle ne prend juste pas la même forme."
Les résultats de cette opération sont loin d'atteindre les ambitions annoncées. À la fin de l'année, 700 logements informels ont été détruits contre un objectif d'un millier. Près de 25.000 reconduites à la frontière ont eu lieu, autant qu'en 2022 malgré les moyens déployés. Sur le plan de la sécurité, le ministre de l'Intérieur vante souvent le fait que plus de 1.300 interpellations, dont 60 chefs de bande, ont été réalisées durant cette période. Beaucoup d'habitants retiennent en revanche le climat de violence qui régnait, avec une multiplication des dégradations et des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. Des faits de violences qui ont perduré durant les mois suivants, l'insécurité étant la principale revendication annoncée par les manifestants présents sur les barrages qui bloquent l'île depuis un mois.