C’était un casse-tête à résoudre. Côté français à Dzaoudzi il fallait prouver aux collectifs qu’il y avait bien des étrangers en situation irrégulière embarqués à bord, sinon le bateau n’aurait pas pu partir. A Anjouan au contraire, il fallait faire croire qu’il n’y en avait pas ou seulement des volontaires, sinon le bateau aurait eu des problèmes pour accoster. Une mise en scène a été organisée à l’arrivée pour montrer les passagers dits « normaux », et cacher les autres.
Personne n’est dupe. Aux Comores l’opinion a bien compris que le pouvoir a cédé aux exigences françaises malgré les discours officiels. Le gouverneur d’Anjouan Anissi Chamsidine, qui n’a aucune prise sur le contrôle des frontières, a déploré ce renoncement dans un communiqué. Il demande au président Azali de mettre à profit sa fonction à la tête de l’Union Africaine pour porter l’affaire de Mayotte devant les instances internationales.
Il sait que c’est une démarche vaine. Le président Azali a prononcé un discours devant le parlement panafricain en Afrique du Sud où il a parlé de tout sauf de Mayotte.
Les gouvernements comoriens et français semblent s’être mis d’accord pour des reconduites mais pas trop, au compte-goutte.
C’est le paradoxe de cette opération Wuambushu où il était question d’expulsions massives, alors qu’il n’y en a jamais eu aussi peu.