Mayotte place nette : "le mode opératoire change, nous sommes plus offensifs", estime le préfet François-Xavier Bieuville

François-Xavier Bieuville le préfet de Mayotte, était l'invité de Zakweli ce mercredi
François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, était l'invité de Zakweli ce mercredi pour faire le point sur l'opération Mayotte place nette qui a débuté ce mardi par une opération de décasage à Doujani.

L'opération Mayotte place nette, l'acte deux de l'opération Wuambushu, a démarré ce mardi 16 avril par une opération de décasage à Doujani. "C'est un double objectif : lutter contre l'habitat indigne et accompagner une commune dans la réalisation de ses projets", précise dans Zakweli François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte. "Derrière le décasage de Doujani, c'est un projet d'aménagement, de ZAC, avec des écoles des commerces et un millier de logements envisagés par la ville de Mamoudzou."

Une opération marquée notamment par des affrontements entre les forces de l'ordre et des bandes de jeunes. Les locaux du CNFPT, le centre national de la fonction publique territoriale, ont été partiellement incendiés et caillassés. "Une enquête judiciaire a été engagée sur l'attaque de ce bâtiment, on a un certain nombre d'images qui nous permettent d'identifier des personnes. Elles seront arrêtées et traduites devant la justice", ajoute le représentant de l'État.

Cinq millions d'euros pour les relogements

L'objectif total est de démolir d'ici fin juin 1.300 cases, près du double des 700 démolitions réalisées en 2023. "Nous doublons l'objectif, car nous devons apporter une solution de logement social", explique François-Xavier Bieuville. Une enveloppe de cinq millions d'euros est prévue pour le relogement des familles. "C'est tout le travail de la chargée de mission qui est avec moi, qui s'occupe de l'habitat indigne et qui a un réseau important de réponses auprès des bailleurs sociaux, mais pas seulement, pour trouver des solutions qui soient acceptables et permettent de tenir dans la durée." 

Concernant la situation des migrants africains qui campent dans les rues de Cavani depuis le démantèlement du camp, une réunion est prévue avec la municipalité, le conseil départemental et des bailleurs sociaux. "Nous avons une première étape d’identification, ensuite de voir quelles sont leurs situations administratives. En fonction de cette liste, nous serons en capacité d’apporter des réponses au fur et à mesure des situations individuelles."

"La quantité ne fait pas la qualité"

1.700 policiers et gendarmes seront mobilisés sur cette opération, un effectif en baisse par rapport à la première opération Wuambushu. "La quantité ne fait pas la qualité", estime le préfet. "Ce que nous faisons avec cette opération, nous le faisons avec plus de caractère offensif et de planification. Nous travaillons depuis un mois pour la préparer dans de bonnes conditions." Une planification qui a notamment tenu compte "des quelques ratés qu'a pu connaître Wuambushu."

"Le mode opératoire change, nous sommes beaucoup plus offensifs. Nous avons renforcé le Raid, le GIGN, des équipes spécialisées dans ces tactiques d'intervention", rappelle-t-il. La ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux a annoncé comme objectif l'interpellation de 60 chefs de bandes, déjà identifiés par les forces de l'ordre. "Il fallait fixer un objectif, mais j'ai demandé à mes équipes d'aller au-delà, d'aller à 70, 80 interpellations, même plus si nous le pouvons", précise le préfet.

Le rideau de fer maritime présenté d'ici la fin du premier semestre

Aucun chiffre n'a en revanche été donné concernant le nombre d'expulsion d'étrangers en situation irrégulière. "Nous avons reconduit 110.000 étrangers en quatre ans, avec une moyenne de 25.000, 26.000, reconduites par an. L'objectif est de continuer à ce rythme", affirme le représentant de l'État. Dans le cadre de cette opération, un quatrième centre de rétention administrative temporaire sera créé en Petite-Terre. Des accords internationaux de reconduites à la frontière sont aussi prévus avec les pays d'Afrique des Grands lacs.

Le fameux rideau de fer maritime devrait être présenté d'ici la fin du premier semestre. "C'est un ensemble de moyens terrestres, maritimes et aériens qui nous permettent de détecter plus en amont l'arrivée de navires, de les qualifier et donc d'anticiper leur interception", détaille le préfet. "Ce sont des moyens techniques, des éléments sous-marins, de détection, d'anticipation. Nous avons passé un certain nombre de commandes, d'appel à manifestation d'intérêt pour avoir des réponses technologiques adaptées à ces missions. Nous sommes en train de les engranger."