Élue Miss Mayotte en août dernier, Ramatou Radjabo est victime d’une campagne de lynchage médiatique, elle est la cible d’insultes et de remarques racistes sur les réseaux sociaux…Mercredi 21 octobre 2015, Ali Chamsudine lui a consacré son édito
Miss Mayotte, Ramatou est en train de se faire descendre, mettre à nu dans les réseaux sociaux. Après la tentative ratée de lui enlever sa couronne, c’est sa personne qui est attaquée. Plutôt, ce qu’elle représente : une femme mahoraise noire et fière de l’être.
L’on imagine assez bien d’où peuvent venir les attaques et ceux qui en sont les relais. On remarquera que durant les dernières années, aucune napy n’avait été élue miss chez nous. Et cela n’avait pas forcément plu à tous, mais il semble que les indigènes colorés soient plus tolérants, ou n’ont pas les moyens d’accès aux réseaux sociaux.
Oui Ramatou ressemble à Coco Djoumoi, à Bouéni Mtiti, Zéna Mdéré, à Zakiya, aux femmes leaders et à la plus part des mamans et de beaucoup de jeunes filles de Mayotte. Si cela déplait, c’est bien dommage. Car, de cette île, on a vanté les pratiques modérées et l’acceptation de toutes les religions ; on a vanté les huiles essentielles ; vanille et Ylang Ylang ; on a vanté aussi, la beauté des fleurs et Ramatou et ses congénères en font partie. Et aujourd’hui, voir que la beauté mahoraise est remise à mal parce qu’elle est d’ébène et d’Afrique, c’est une honte.
Cela pose la question des conditions requises pour en être une. Car, les chatouilleuses en puissance qui peuplent nos villages et nos vies ne peuvent pas être belles et se taire. Ce n’est pas dans l’ADN des guerrières de cette île.
Et mettons nous d’accord, il ne s’agit de remettre en cause le mérite des autres miss et candidates moins marquées ethniquement et il ne faut pas, non plus, tomber dans le piège que tendent ceux qui s’en prennent à Ramatou.
Les cheveux crépus de cette femme, l’épaisseur de ses lèvres, la grosseur de son nez, la noirceur de sa peau et la cambrure de sa hanche ; les débahs qu’on imagine qu’elle chante tous les soirs avec les jeunes de son âge, les mbiwis qu’elle doit maîtriser en pilonnant le sol de son île au rythme du mgodro avec ses pieds nus dont les pommes sont marquées comme celles de ses mains par les travaux des champs. C’est celle là que le mahorais a choisi pour être leur ambassadrice de charme cette année.
Et pour mieux représenter l’île au lagon, elle devrait avoir la possibilité de défiler en salouva, et mettre son mssindzano et son amfou, ses fleurs dans les cheveux qu’elle doit tresser. Elle ne sera pas Miss France, on aura compris qu’elle ne correspond pas aux canons de la beauté qu’une partie des habitants de notre pays ont fixé. Marianne n’aura sans doute jamais ses traits ; mais elle est déjà le symbole de la résistance de Mayotte face à des normes dictées par une puissance occulte.
L’on imagine assez bien d’où peuvent venir les attaques et ceux qui en sont les relais. On remarquera que durant les dernières années, aucune napy n’avait été élue miss chez nous. Et cela n’avait pas forcément plu à tous, mais il semble que les indigènes colorés soient plus tolérants, ou n’ont pas les moyens d’accès aux réseaux sociaux.
Oui Ramatou ressemble à Coco Djoumoi, à Bouéni Mtiti, Zéna Mdéré, à Zakiya, aux femmes leaders et à la plus part des mamans et de beaucoup de jeunes filles de Mayotte. Si cela déplait, c’est bien dommage. Car, de cette île, on a vanté les pratiques modérées et l’acceptation de toutes les religions ; on a vanté les huiles essentielles ; vanille et Ylang Ylang ; on a vanté aussi, la beauté des fleurs et Ramatou et ses congénères en font partie. Et aujourd’hui, voir que la beauté mahoraise est remise à mal parce qu’elle est d’ébène et d’Afrique, c’est une honte.
Cela pose la question des conditions requises pour en être une. Car, les chatouilleuses en puissance qui peuplent nos villages et nos vies ne peuvent pas être belles et se taire. Ce n’est pas dans l’ADN des guerrières de cette île.
Et mettons nous d’accord, il ne s’agit de remettre en cause le mérite des autres miss et candidates moins marquées ethniquement et il ne faut pas, non plus, tomber dans le piège que tendent ceux qui s’en prennent à Ramatou.
Les cheveux crépus de cette femme, l’épaisseur de ses lèvres, la grosseur de son nez, la noirceur de sa peau et la cambrure de sa hanche ; les débahs qu’on imagine qu’elle chante tous les soirs avec les jeunes de son âge, les mbiwis qu’elle doit maîtriser en pilonnant le sol de son île au rythme du mgodro avec ses pieds nus dont les pommes sont marquées comme celles de ses mains par les travaux des champs. C’est celle là que le mahorais a choisi pour être leur ambassadrice de charme cette année.
Et pour mieux représenter l’île au lagon, elle devrait avoir la possibilité de défiler en salouva, et mettre son mssindzano et son amfou, ses fleurs dans les cheveux qu’elle doit tresser. Elle ne sera pas Miss France, on aura compris qu’elle ne correspond pas aux canons de la beauté qu’une partie des habitants de notre pays ont fixé. Marianne n’aura sans doute jamais ses traits ; mais elle est déjà le symbole de la résistance de Mayotte face à des normes dictées par une puissance occulte.