Affaire Roukia: le procès enfin

Tribunal de Grande Instance, Mayotte
C’est ce lundi débute en correctionnel, le jugement de l’affaire Roukia, il pourrait s'étendre jusqu'au vendredi 27 novembre. L’affaire n’est pas banale et a défrayé la chronique. Une affaire à tiroirs qui mène dealers, gendarmes, et indics sur les bancs des accusés.
  

Dans le rôle du tribunal correctionnel, il y aura sept prévenus, poursuivis pour homicide involontaire, transport non autorisé de stupéfiants, importation non autorisée de stupéfiant, destruction de preuve et recel de cadavre. Parmi ces prévenus, il y a des gendarmes qui exerçaient au groupement d’intervention régionale, le GIR. Il y a également les indics de ces derniers et enfin Mathias Belmer, l’ex petit ami de Roukia Soundi et sa patronne Fréderique Blondel. Outre les prévenus, il y aura trois témoins assistés, 11 avocats et dix témoins...

Pour rappel, c’était  le 15 janvier 2011, que le corps sans vie de la jeune Roukia Soundi, 18 ans, a été découvert sur une plage à Trévani. Très vite, les analyses révèlent une overdose, overdose d’héroïne. Leur regard, se tourne vers son petit ami de l’époque, Mathias Belmer. Et de fil en aiguille, ce dernier donne le nom de SAîd AHAMADA Mzé, son dealer, qui s’avère être un indicateur du GIR.
Le juge d’instruction apprend par le dealer défendu par Saïd Larifou que cette drogue leur a été remise par des gendarmes du GIR. Mais Gérard Gauthier, l’ex patron du groupement, aujourd’hui témoin assisté dans l’affaire, conteste, car ce qui a été remis à l’indic, était plutôt de la cocaïne et non de l’héroïne, affirme-t-il. 
Une affaire à scandale, instruite au départ par le juge Hakim Karki, obstiné. La presse révèle qu’il subit des pressions pour qu’il arrête l’instruction du dossier. Une demande de dépaysement de l’affaire a été formulée par le parquet de Saint Denis de la Réunion, une demande contestée par les avocats de la défense et de la partie civile.
Joël Garrigue, Procureur de la République

Cinq ans après, l’affaire Roukia  sera bien jugée à Mayotte. Le président du tribunal, Laurent Sabatier ainsi que le procureur Joel Garigue auront la lourde tache de demander à ces fonctionnaires, les raisons qui ont pu les amener à mettre de la drogue en circulation, sans que cela ne soit dans un cadre contrôlé. Et ils devront également déterminer si cette drogue a été fatale à Roukia ?
D’autres questions restent également en suspens : y a-t-il d’autres personnalités impliquées dans ce dossier comme le laisse entendre la partie civile ? 
 
Kalathoumi Abdil-Hadi
Andry Rakotondravola