Affaire Roukia: Indics, flics et mensonges

Les témoignages par visioconférence de Michel Alize ancien patron de la section de recherche à Mayotte, l’expertise du professeur Deveau, toxicologue et enfin la présence de Mathias Belmer ont apporté des éclairages importants au procès.
Et s’i n’y avait pas d’affaire Roukia ? Et si c’était simplement l’histoire tragique d’une jeune femme morte d’une overdose dans la chambre d’un goujat qui, pris de panique, a tenté de faire disparaître son corps. Une histoire tragique mais ô combien banale sous d’autres cieux.
Maître Simon, avocat de Mathias Belmer
C’est sur ce chemin réducteur que maître Simon, avocat de Mathias Belmer, nous emmène quand il pose cette question à Michel Alize, l’ancien directeur d'enquête de la section de recherche de Mayotte : «  Est-ce qu’il y a des signes qui montreraient que Roukia a été forcée à prendre la drogue? elle l’a bien prise de son plein gré ». Michel Alize répond par l’affirmatif.
Une seule petite question pour enterrer à jamais cette fille, interrompue trop vite dans son épanouissement. Car la suite est une bataille d’experts de la police et de la gendarmerie nationale, d’abord sur les méthodes utilisées par les uns contre les autres et la loyauté d’un lieutenant de police qui a été mis au placard pour avoir choisi de respecter le secret de l’instruction plutôt que de couvrir des confrères. Ce dernier va révéler que la drogue (un échantillon) avait été acheminée par un passager de Maria Galanta, qu'elle a été donnée à Jérémie Bouclet ( ex GIR)  pour analyse et qu'ensuite elle a été rendue à Mohamed Daniel (ex indic) afin qu'il la revende pour subvenir aux besoins de sa famille.

L’arrivée de Mathias Belmer viendra remettre la mort de Roukia au centre du procès.
Le président Sabatier lit d’abord l’acte d’accusation «  vous êtes accusé d’homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, transport non autorisé de stupéfiants, destruction de document ou objet concernant un crime ou délit pour faire obstacle à la manifestation de la vérité ».
Puis Mathias Belmer a du raconter jour par jour, heure par heure, et pratiquement minute par minute l’histoire de l’achat et de la prise de la drogue, et la tentative de se débarrasser du corps de sa petite amie morte. Il a beaucoup hésité devant le flot de questions du procureur, des avocats des autres prévenus et quelquefois même du président lui-même.
Il est souvent revenu sur des affirmations faites lors de ses premières auditions devant les gendarmes.
Comme ligne de défense, il a évoqué son amour pour sa chérie, des projets de mariage et des copains qui l’ont abandonné.
Sa déposition sera interrompue par l'intervention par visio conférence de l'expert en toxicologie; il est formel, l'héroïne est la cause du décès de Roukia et non de la cocaïne... il n'y avait pas de trace de cocaïne dans les échantillons analysés. 

Chamsudine Ali
Andry Rakotondravola