Le racisme ordinaire s’invite au procès de Roukia

Des propos racistes, tenus en public ou en privé à l’endroit des Mahorais sont dénoncés. Miss Mayotte 2015 en a fait les frais; A la rentrée, le SNUIPP rapportait des paroles douteuses qu'aurait tenues une inspectrice. Mardi au tribunal, cette ambiance symptomatique a été ressentie 

La mère de Roukia suit le procès, assistée d’un interprète. Tous les intervenants, témoins et prévenus, adressent des mots de compassion à la famille de la victime, sauf Jérémie Bouclet, un prévenu, ancien membre du GIR. Il sera le premier à sortir des préjugés douteux malgré ses années de service à Mayotte. 
Alors que les indics pensent être dans une équipe, le président lui demande d’expliquer le fonctionnement du GIR avec les indics, Jérémie Bouclet lance : « Le blanc c’est le chef, c’est des noirs, les blancs, ils les appellent naturellement chefs… »  Il sera repris dans son élan par le président qui dit « attention à ce que vous dites, les relations blancs-noirs n’ont rien à voir » 
Mansour Kamardine, avocat de la famille Roukia

Les écoutes téléphoniques de l’ancien patron du GIR de l’époque, le capitaine Gauthier sont encore plus explicites. Il est cité comme témoin. Alors qu’il discute avec un collègue, celui-ci lui demande  au téléphone, « qui est Roukia ? »  Il répond « c’est une black, une soussou, une prostituée qui traîne dans les bars avec des blancs ». Stupéfaction dans la salle. Mansour Kamardine l’avocat de la partie civile s’énerve : « Monsieur Gauthier… avez-vous déjà couché avec Roukia ?  Vous êtes blanc, Roukia est noire, c’est une soussou, elle traînait dans les bars des blancs…vous avez dit… »
Le racisme ordinaire s’est peut-être invité dans ce procès. Des mots, des petits mots, des petites phrases qui paraissent parfois insignifiants, anecdotiques, mais qui prennent une importance autrement plus grave.