A l’ACFAV après l'ambiance délétère, place aux bizarreries financières

Sophiata Souffou, la présidente de l'ACFAV
Suite à notre premier volet sur la situation de certains salariés au sein de l’association, notre deuxième article est consacré à des mouvements financiers qui posent question au sein de l’association.

Comme on l’annonçait dans notre premier article, le directeur de l’ACFAV a été licencié, en mai dernier, par l’association. Selon lui, cela fait suite à un signalement envoyé par mail pour connaître l’origine de deux virements bancaires.

Le premier d'un montant d'un 1 million d’euros, le deuxième de 500 000 euros. Des virements d’un compte à un autre au sein de l’association. L’ancien directeur précise qu’ils ont été faits sur "des placements à court terme sans avertir la direction et le responsable comptable et financier. Finalement, ces virements ont avorté quand nous avons questionné la BFC et la présidente."

Le responsable administratif et financier alertera également la présidente "Étant donné les montants, je tiens à vous informer de ces mouvements qui sont inhabituels. Est-ce que vous avez initié ces mouvements ? Si oui, est-ce que vous pouvez m’envoyer les éléments de cette opération."

Des mouvements bancaires importants finalement avortés

Réponse de Sophiata Souffou, la présidente de l'ACFAV : "Le directeur peut accéder au compte courant et avec une signature électrique, il peut tout vider d’un seul coup, donc nous qui sommes veillantes, on met sur un autre compte, comme ça personne ne peut y accéder, comme ça quand l’action sera mise en place, on peut utiliser l’argent, on a l’habitude de le faire, tout ça sous le regard du commissaire au compte. C’est normal."

Sauf que ce type de mouvement bancaire d'une telle somme n’est pas autorisé pour une association. "Ces virements ont avorté quand nous avons questionné la BFC et la présidente. Pour ne me rendre complice de ces mouvements, j’ai demandé à la présidente la raison de ces virements." ajoute Étienne A., l’ancien directeur. Il n’aura jamais de retour si ce n’est une mise à pied conservatoire le 17 mars "comme si j’étais un criminel."

Ce virement avorté, Sophiata Souffou l’explique tout simplement. "Dans les comptes d’association, on ne peut pas mettre plus de 90 000 euros donc quand ça dépasse, ça ne passe. Il faut un compte spécifique, notre conseiller bancaire peut vous l’expliquer."

Le fond de l'aide aux victimes gelé sur un compte

Une autre opération financière a, cette fois, attiré l’œil des enquêteurs. Celle de l’aide aux victimes. Lors d’une assemblée générale en juin 2022, l’association se rend compte qu’elle dispose encore de 50 453 € d’indemnités réservées aux victimes de violences qu’il faudrait reverser. Une enquête est en cours sur le sujet.

Pour Sophiata Souffou, il s’agit là de fonds réservés à des personnes en situation irrégulière et expulsées du territoire. "La somme est restée, scellée, sur les comptes de l’ACFAV, c’est la propriété du tribunal administratif."

L’association elle,  bénéficie désormais d’un budget de 6,5 millions d’euros financé par les subventions notamment de la préfecture. Au sein de la structure, on retrouve aujourd’hui 58 salariés, dont 9 en CDD dans le cadre de l'opération Wuambushu. Malgré la bonne santé financière de la structure, une association aimerait récupérer l'ACFAV dans son giron, Mlézi Maoré. Cela a failli se faire en 2019 "L'état voulait faire une fusion entre l’ACFAV et Mlézi. Je me suis positionnée pour que l’ACFAV survive, il me semble que j’arrive à bien gérer" annonce Sophiata Souffou.

L'ACFAV absorbée par Mlézi Maoré ?

"Madame Souffou a été placée comme présidente par Roukia Lahadji à l'ACFAV dans un but certain" dévoile Etienne A. avant d'ajouter "si de nouveau l'association a des soucis financiers, l'objectif pour ces deux personnes est de faire reprendre l'ACFAV par Mlezi."Une nouvelle fois, démenti formel de Sophiata Souffou, "Avec Roukia Lahadaji, on n’a même pas le temps de se voir, moi ça fait plus d’un an que je ne l’ai pas vue."

Pourtant, avant d'être licenciée en mai dernier, la salariée de l'ACFAV, avait reçu un coup de téléphone de Roukia Lahadji "pour lui faire des propositions".