Anchia Bamana veut plus de combativité face au gouvernement

Anchya Bamana aura dirigé la commune de Sada dans des conditions difficiles avec notamment des co-listiers devenus ses premiers opposants
Anchia Bamana n’a plus de mandat, mais cela ne l’empêche pas d’agir et de participer à tous les débats qui animent Mayotte. Elle vient d’écrire au ministre de l’Intérieur pour attirer son attention sur l’’insécurité qui frappe Mayotte. Madame Bamana exhorte les parlementaires à entreprendre des action chocs.

1/Madame Bamana, vous n’avez plus de poste élective, mais vous êtes plus active que jamais.

Qu’est-ce qui vous anime ?

Certes, les élus ont pouvoir de décision et ils sont les mieux placés pour influer sur le destin de Mayotte. Mais j’estime aussi que chacun peut agir à son niveau pour apporter sa petite pierre à l’édifice. Je le fais en tant que simple citoyenne qui aime ce petit territoire en proie à des difficultés qui impactent fortement et négativement nos vies et celles de nos enfants.

J’agis aussi en tant que présidente de Maore Solidaire, tout nouveau parti politique qui œuvre pour la défense des intérêts de Mayotte et des Mahorais au sein de notre mère patrie : la France.

Par ailleurs, je reste persuadée que personne d’autre ne viendra défendre notre île si ce n’est nous-mêmes ! Alors, je continue à m’engager au service de mon île…

2/ Vous avez lancé un appel aux élus, à manifester à Paris pour sensibiliser sur les violences à Mayotte.

Est-ce que vous croyez que les autorités de l’Etat ne sont pas au courant de la situation qui prévaut sur le département ?  

Je pense qu’ils sont parfaitement au courant. Mais l’histoire nous  enseigne qu’il n’y a que les méthodes choc qui font réagir l’Etat, à l’image de la paralysie de l’île pendant 51 jours en 2018.

Peut-être que la grève de la faim des 6 grands élus devant l’Elysée les sensibiliserait sur la situation sécuritaire de l’île…et plus globalement sur l’ampleur de l’immigration clandestine qui noie le territoire et qui impacte toutes les politiques publiques locales.

Il est légitime de penser que l’Etat laisse faire sciemment pour rapprocher Mayotte des Comores par ce phénomène. Je rappelle que la moitié de la population est en situation irrégulière et la situation n’est plus tenable !

 

3/ Vous ne faites pas tous la même analyse de la situation sociale de Mayotte, alors forcément les solutions préconisées ne sont pas les mêmes.

Quel est votre diagnostique et qu’est-ce vous préconisez ?

L’explosion démographique de l’île due à une immigration irrégulière incontrôlée couplée à une forte natalité impactent négativement le développement du territoire.

En effet, ce phénomène influe sur tous les services publics qui, saturés, ne répondent plus efficacement aux besoins de la population :

  • système éducatif surpeuplé,
  • système de santé en souffrance,
  • insuffisance de la ressource en eau,
  • dégradation de l’environnement et de la biodiversité…

La montée de la pauvreté et l’exclusion des jeunes sont la source des phénomènes de violences quotidiennes qui gangrènent le territoire.

Par ailleurs, l’insuffisance des ressources financières des collectivités locales accentuent les difficultés du territoire et pour causes :

  • le département mène des missions régionales sans moyens financiers dédiés,
  • les communes sont sous-dotées par rapport à celles du territoire national,
  • les inégalités sociales persistent (SMIG, minimas sociaux, retraite…).
  • les mesures financières du droit commun ne sont pas déclinées sur le territoire (non application des codes de la sécurité sociale, de la santé publique et de l’action sociale et des familles…). Bref, les mahorais ne réjouissent pas des mêmes droits alors qu’ils ont les mêmes devoirs que tous les citoyens du territoire national. Cette situation fait de l’île un territoire discriminé aux yeux de notre République !

Quelles solutions ?

  • Que les élus travaillent leur proposition de Loi Mayotte, à défendre ensemble auprès du gouvernement pour tendre vers l’égalité sociale et républicaine.
  • Que l’Etat repense une politique migratoire qui protège réellement nos frontières par des mesures qui influeront à la source du phénomène :
  • Actions de coopération avec les Comores (coopération judiciaire ; démantèlement de la filière de construction des kwassas) ;
  • Action de surveillance des frontières maritimes par un bateau de la marine nationale de manière pérenne ;
  • Expulsion des parents dont les enfants mineurs troublent l’ordre public et agresse les forces de l’ordre ;
  • Abolition du droit du sol et du visa territorialisé.

4/ Les élus locaux se retrouvent sur le devant de la scène ces dernières semaines dans le dossier de la sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine.

Est-ce que ce dossier ne les dépasse pas ? 

Le fait qu’ils ne parlent pas réellement d’une même voix les rend « inefficaces » face à l’Etat dans le sens qu’ils ne sont pas entendus, que ce soit sur ce dossier spécifique ou sur d’autres sujets concernant la gestion  du territoire.

La mise en place de la conférence territoriale de l’action publique (CTAP), chargée de favoriser un exercice concerté des compétences des collectivités territoriales et des EPCI serait un premier pas vers cette unité d’action et de réflexion.

Par ailleurs, au-delà des élus, il faut une réelle volonté politique de l’Etat pour repenser une politique migratoire protectrice du territoire…pour qu’enfin « la peur change de camp » ! La présidence de Nicolas Sarkozy nous a bien montré que c’était bien possible !

 

5/ Encore une fois, les violences et l’immigration clandestine accaparent toutes les attentions.

Mais n’est-ce pas au détriment de dossiers plus importants comme celui de la Loi Mayotte, avec l’évolution institutionnelle et la relance économique ?

Sans sécurité, il n’y aura pas de développement du territoire. On le voit bien avec l’absence d’attractivité, les investisseurs ne viennent pas, les professionnels de santé non plus (pour ne citer que ceux-là…).

Mais cela n’empêche pas les élus de travailler sur un projet de société dans lequel ils se retrouvent tous. Encore faut-il qu’ils rament tous dans le même sens autour d’un projet de territoire : la proposition de Loi Mayotte !

La mise en place d’ une conférence territoriale de l’action publique (CTAP), chargée de favoriser un exercice concerté des compétences des collectivités territoriales et des EPCI sera .

 

6/ Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT Ma appelle à la mobilisation autour de nombreuses revendications sociale pour Mayotte, entre autres, le dossier des retraités de Mayotte ; l’alignement du SMIC et des minimas sociaux.

Est-ce que vous allez manifester à ses côtés ?

Oui, car toutes les initiatives sont les bienvenues pour nous faire entendre !