Emmanuel Macron se méfie de lui-même, de ses petites phrases qui peuvent lui coûter des voix. Il reconnait qu’il est trop impulsif. « J’ai parfois eu des phrases blessantes » confiait-il déjà en décembre l’année dernière, ce qui ne l’a pas empêché de recommencer en début d’année quand il a dit vouloir « emmerder les non-vaccinés ».
Il y en a tout un florilège : « les gens qui ne sont rien », les prestations sociales qui sont «un pognon de dingue », l’invitation à « traverser la rue pour trouver du boulot », ou pire encore, au tout début de son mandat : « les kwassas qui ramènent du comorien ».
Tout cela a contribué à forger, pour ses soutiens, une image de courage et de parler vrai. Mais pour ses adversaires, c’est de l’arrogance voire du mépris. Il a pris des risques en début de campagne du deuxième tour en allant se frotter aux partisans hostiles dans des villes où Mélenchon et Marine le Pen ont fait de gros scores. Mais tout en se mettant à « portée d’engueulade, voir à portée de gifle », il a réussi cette fois à maîtriser ses propos.
Arrondir les angles, c’est aussi la ligne de conduite de Marine le Pen
Marine le Pen prend moins de risques. Elle a pratiqué plus modérément le bain de foule, et plutôt dans des localités où elle est arrivée en tête au premier tour. C’était le cas hier dans le Calvados.
Elle s’est livrée à une grande série d’embrassades et de distribution de bises. Son équipe part du principe qu’il n’y a rien à gagner à s’exposer dans des situations potentiellement conflictuelles. Marine le Pen a réussi à se dédiaboliser. Ses résultats électoraux en sont la meilleure preuve. Le Rassemblement National de Marine n’inspire plus la peur, comme le Front National de son père Jean-Marie le Pen.
Elle soigne une image de bonne mère de famille, elle prend des bébés dans ses bras. Hier face à un électeur hostile, elle a tourné le dos, préférant l’esquive à l’affrontement
Les deux adversaires se retrouveront ce mercredi soir devant les téléspectateurs français
Ils s’y préparent consciencieusement. Marine le Pen va s’isoler dans l’ouest de la France. Emmanuel Macron, lui, n’a pas annoncé de retraite de préparation. Les conseillers des deux bords travaillent à plein régime pour préparer les fiches, les arguments qui portent. Il y a même des « sparring partners », comme dans les entraînements de boxe, pour simuler le rôle de l’adversaire.