Jérôme ( nom d’emprunt) est professeur dans le second degrés.On n’est jamais descendu aussi bas
Cela fait plusieurs années qu il prend part aux commissions de délibération du second tour du bac. Mais cette année, face à ce qu’il considère comme une violation de l’indépendance du jury dont il était membre, il a décidé de parler.
déplore le professeur.Le proviseur de l’établissement où se tenait la commission de délibération du second tour est rentré dans la salle et a déclaré que la barre pour accorder le bac était fixée à 9,5 sans consultation des dossiers des élèves. Au final tout le travail du jury n’a servi à rien
On n’est jamais descendu aussi bas.
Le taux de réussite passe de 42,2% à 64,3 %
En effet auparavant seul un élève ayant obtenu un minimum de 9,8 de moyenne après les épreuves de rattrapage pouvait espérer grappiller quelques points s’il avait un bon dossier scolaire.Mais apparemment pas cette année 2019. Dans certains jurys on serait même descendu jusqu’à 9 de moyenne pour accorder le bac aux candidats malheureux du second tour.
Grâce à cet élan de générosité, le désastreux taux de réussite de 42,2% au premier tour, passe à 64,3% après les rattrapages, soit huit points de moins que l’année dernière. Mais on reste encore loin de l’insolent 75 % de réussite au premier tour chez nos voisins réunionnais.
Un bon taux de réussite au brevet, c’est aussi un meilleur classement pour les établissements
Au niveau du brevet le jury final aurait été encore plus généreux. Selon cet autre habitué des jurys du brevet, cette année on aurait accordé le diplôme à partir de 340 points contre 400 habituellement. Ce qui a permis de repêcher près de 800 élèves et faire grimper le taux de réussite de plus de 10%.Conséquence ubuesque du procédé, on se retrouve avec des classements illogiques. Et des collèges et lycées avec des taux de réussite de plus de 90 % au brevet alors qu’ils comptent un nombre non négligeable d’élèves qui savent à peine lire et écrire.
Désengorger les classes saturées
Si le procédé en indigne certains, il a tout de même ses mérites. Il permet ainsi dans la notation de tenir compte du fait que le français n’est pas la langue maternelle des candidats, il aide aussi à désengorger les classes saturées en évitant le redoublement des plus mauvais élèves.Mais pour d’autres cela revient à cacher les problèmes d’apprentissage.
Durant l’épreuve, une grosse majorité d’élèves avec des difficultés en français se contentent de recopier le texte par honte de rester là à ne rien faire.
Henri Nouri du SNES indique ne pas avoir eu vent de ces méthodes. Mais selon lui ce sont des procédés qui risquent de se répéter avec la prise en compte du contrôle continu dans le bac.
C’est justement ce que nous essayons d’éviter. Avec la réforme du baccalauréat nous allons vers un bac local avec un risque accru de pressions sur les enseignants.
Nous avons contacté le Vice rectorat. Voici la réponse de Didier Cauret. Directeur de cabinet du Vice recteur.
Ils revient notamment sur le sort des élèves redoublants de terminal ou de seconde qui n’ont pas d’affection pour la rentrée prochaine. En 3e, Plus de 600 élèves risquent de se retrouver dehors faute de places en seconde.