Les salariés de la société Ingénierie Béton Système (IBS) ont paralysé la circulation en Grande-Terre ce matin. Ils s’inquiètent leurs emplois après le rachat du terrain où ils travaillent par l’entreprise Vinci. L'affaire entraîne des remous sur l'île depuis plusieurs années.
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Casque sur la tête, gilet fluorescent sur le dos, Said bloque le rond-point SFR à Kaweni avec les camions de la société Ingénierie Béton Système (IBS) dont il est salarié. Il participe à une contestation de grande ampleur depuis 7h30, ce matin du 6 août 2019. Les 300 employés de l’entreprise ont bloqué la circulation sur l’île pendant près de cinq heures.
Said est en colère. « On ne peut pas laisser 300 personnes dans la galère ! » Comme ses collègues, il ne sait pas ce que va devenir son emploi si IBS est expulsé de la carrière de Kangani, comme le demande Vinci qui a racheté le terrain en 2015. Le géant de la construction est la première cible des manifestants. Sur les pancartes des slogans comme : « 300 familles à la rue, Vinci n’en veut pas » ou « Vinci = chômage ; IBS = travail ».
L’affaire est ancienne et compliquée. Pour Nicolas, un salarié présent sur le barrage de Majicavo, « c’est un peu le pot de terre contre le pot de fer. » L’entreprise IBS est opposée à la multinationale Vinci.
La carrière de Kangani, où est présente IBS depuis 22 ans appartenait à l’ancien maire de Koungou, Frédéric d’Achery, décédé en 2016 peu après une agression à son domicile. L’entreprise IBS l’exploitait depuis 15 ans quand Frederic d’Achery décide de mettre un terme au bail qui les unissait. En 2015 il vend son terrain au groupe Vinci, alors que la société IBS se trouve encore dessus.
Selon Samuel Boscher, qui est en charge de la communication d’IBS : « Le terrain sera vendu pour 200 000 euros à Vinci, avec une rente viagère de 15 000 euros. IBS avait formulé une proposition de 4 millions d’euros et une rente viagère de 25 000 euros. » En 2015 les salariés sortent une première fois dans la rue et bloquent une partie de l’île en réaction à l’annonce de cette vente. Ils s’inquiètent pour l’avenir de leur emploi.
L’affaire prend une autre dimension quand, en 2016, le PDG d’IBS, Guito Narayanin, est accusé d’avoir commandité l’agression d’une avocate. Celle-ci travaillait pour un cabinet qui avait fait condamner le chef d’entreprise. L’expulsion d’IBS de la carrière de Kangani était alors demandée par la justice. L’instruction est toujours ouverte aujourd’hui.
Le feuilleton connaît un nouveau rebondissement ce mardi 6 aout 2019 avec le blocage d’une grande partie de l’île par les salariés d’IBS. Ils reprochent à Vinci de ne pas vouloir s’occuper d’eux, une fois qu’IBS aura quitté le terrain. « On ne parle pas du tout des salariés, s’exaspère Nicolas. S’il n’y a plus de terrain, il n’y a plus de cailloux, et nous on est des casseurs de cailloux. » Et Samuel Bosher de compléter : « La direction condamne ces blocages, et ne les a bien sûr pas pilotés. Mais c’est une réaction de salariés qui protègent leurs emplois. On parle ici de 263 salariés d’IBS et de 50 sous-traitants. Au total, 1500 personnes dépendent directement d’IBS. » Vinci ne s'est pas exprimé publiquement sur la reprise ou non des salariés d'IBS.
Mercredi 7 aout le tribunal administratif doit décider de l’expulsion, ou non, de l’entreprise présente sur la carrière de Kangani par les forces de l’ordre. En cas d’expulsion « il y a un risque réel de trouble à l’ordre public, souligne Samuel Bosher.
La préfecture est intervenue dans ce dossier pour jouer les médiateurs. « Je comprends le problème mais la méthode n’est pas acceptable, a expliqué Jean-François Colombet, le nouveau préfet de Mayotte. Des dizaines de milliers de Mahorais ont perdu leur journée de travail. » Il a rappelé que « Mayotte est un département français, et la France est un Etat de droit. On doit pouvoir trouver le chemin du dialogue sans empoisonner la vie des Mahorais et l’économie de l’île. »
Guito Narayanin, le PDG d’IBS doit rentrer à Mayotte dans la soirée pour rencontrer le préfet. Le tribunal administratif décidera mercredi de l’expulsion ou non d’IBS par les forces de l’ordre. Enfin, le préfet rencontrera les leaders syndicaux et le PDG d’IBS ce jeudi. Pour Jean-François Colombet, il s'agit « d’un contentieux privé entre Vinci et IBS. Celui-ci ne concerne pas l’État. » Il précise tout de même que sa « porte est ouverte » si les partis demandent un médiateur.
Said est en colère. « On ne peut pas laisser 300 personnes dans la galère ! » Comme ses collègues, il ne sait pas ce que va devenir son emploi si IBS est expulsé de la carrière de Kangani, comme le demande Vinci qui a racheté le terrain en 2015. Le géant de la construction est la première cible des manifestants. Sur les pancartes des slogans comme : « 300 familles à la rue, Vinci n’en veut pas » ou « Vinci = chômage ; IBS = travail ».
Un contentieux vieux de plusieurs années
L’affaire est ancienne et compliquée. Pour Nicolas, un salarié présent sur le barrage de Majicavo, « c’est un peu le pot de terre contre le pot de fer. » L’entreprise IBS est opposée à la multinationale Vinci.
La carrière de Kangani, où est présente IBS depuis 22 ans appartenait à l’ancien maire de Koungou, Frédéric d’Achery, décédé en 2016 peu après une agression à son domicile. L’entreprise IBS l’exploitait depuis 15 ans quand Frederic d’Achery décide de mettre un terme au bail qui les unissait. En 2015 il vend son terrain au groupe Vinci, alors que la société IBS se trouve encore dessus.
Selon Samuel Boscher, qui est en charge de la communication d’IBS : « Le terrain sera vendu pour 200 000 euros à Vinci, avec une rente viagère de 15 000 euros. IBS avait formulé une proposition de 4 millions d’euros et une rente viagère de 25 000 euros. » En 2015 les salariés sortent une première fois dans la rue et bloquent une partie de l’île en réaction à l’annonce de cette vente. Ils s’inquiètent pour l’avenir de leur emploi.
L’affaire prend une autre dimension quand, en 2016, le PDG d’IBS, Guito Narayanin, est accusé d’avoir commandité l’agression d’une avocate. Celle-ci travaillait pour un cabinet qui avait fait condamner le chef d’entreprise. L’expulsion d’IBS de la carrière de Kangani était alors demandée par la justice. L’instruction est toujours ouverte aujourd’hui.
Le feuilleton connaît un nouveau rebondissement ce mardi 6 aout 2019 avec le blocage d’une grande partie de l’île par les salariés d’IBS. Ils reprochent à Vinci de ne pas vouloir s’occuper d’eux, une fois qu’IBS aura quitté le terrain. « On ne parle pas du tout des salariés, s’exaspère Nicolas. S’il n’y a plus de terrain, il n’y a plus de cailloux, et nous on est des casseurs de cailloux. » Et Samuel Bosher de compléter : « La direction condamne ces blocages, et ne les a bien sûr pas pilotés. Mais c’est une réaction de salariés qui protègent leurs emplois. On parle ici de 263 salariés d’IBS et de 50 sous-traitants. Au total, 1500 personnes dépendent directement d’IBS. » Vinci ne s'est pas exprimé publiquement sur la reprise ou non des salariés d'IBS.
Mercredi 7 aout le tribunal administratif doit décider de l’expulsion, ou non, de l’entreprise présente sur la carrière de Kangani par les forces de l’ordre. En cas d’expulsion « il y a un risque réel de trouble à l’ordre public, souligne Samuel Bosher.
Intervention de la préfecture
La préfecture est intervenue dans ce dossier pour jouer les médiateurs. « Je comprends le problème mais la méthode n’est pas acceptable, a expliqué Jean-François Colombet, le nouveau préfet de Mayotte. Des dizaines de milliers de Mahorais ont perdu leur journée de travail. » Il a rappelé que « Mayotte est un département français, et la France est un Etat de droit. On doit pouvoir trouver le chemin du dialogue sans empoisonner la vie des Mahorais et l’économie de l’île. »
Guito Narayanin, le PDG d’IBS doit rentrer à Mayotte dans la soirée pour rencontrer le préfet. Le tribunal administratif décidera mercredi de l’expulsion ou non d’IBS par les forces de l’ordre. Enfin, le préfet rencontrera les leaders syndicaux et le PDG d’IBS ce jeudi. Pour Jean-François Colombet, il s'agit « d’un contentieux privé entre Vinci et IBS. Celui-ci ne concerne pas l’État. » Il précise tout de même que sa « porte est ouverte » si les partis demandent un médiateur.