A une centaine de mètres de la route nationale, bienvenue dans le quartier informel de Mgnambani, ici c'est Mayotte des années 70 où les cases en torchis sont remplacées par des cases en tôles. Des clôtures en feuilles de cocotiers délimitent chaque habitation, séparées les unes des autres par un sentier d'à peine 1 mètre. Chaque pas ou coup de vent soulève de la poussière.
Des enfants nous accueillent, certains sans un moindre bout tissu pour protéger leur intimité. ils prennent soins les uns des autres. Les parents sont partis, au champ, peut-être, la présence de la police municipale et de l'interco qui nous accompagnent y est sûrement pour quelques chose.
Dans ce décor d'un autre temps, pas d'adultes avec qui échanger. Une femme accepte de nous parler et nous invite chez elle. Elle ne nous dira pas son nom.
A 32 ans, elle a 7 enfants de 13 ans à 7 mois. Avec son mari, ils vivent dans un trois pièces d'à peine 30 mètres carré implanté sur terrain privé dont elle ne connait pas le propriétaire. Elle élève des cabris dans sa cour exigue, où dans un coin trône un robinet d'eau potable. Un luxe dans ce quartier sans électricité.
Sa voisine vient à notre rencontre nous raconte son quotidien sans mari, avec six enfants de 18 à 2 ans. les deux grands ne vont plus à l'école.
Pour subvenir aux besoins de leurs enfants, les deux femmes travaillent la terre, une terre qui ne leur appartient pas mais que les vrais proprétaires n'osent plus venir réclamer, de peur d'être agressés par des trafficants en tout genre qui ont élu domicile ici et que les forces de l'ordre peinent à déloger, malgré de multiples descentes.
Cette vie de misère, Vikram, jeune lycéen de 17 ans, né à Anjouan et arrivé à Mayotte à l'âge d'un an, souhaite y échapper. Il rêve de devenir chef cuisinier et espère y arriver, car malgré les conditions de vie très difficiles dans ce coin de Mayotte, personne ne pense à prendre le chemin de retour vers Anjouan. Difficile à imaginer qu'il y a pire comme condtion de vie....