L'îlot Bandrélé fait peau neuve

Déchets, coupe d’arbres, piétinement, l’îlot Bandrélé est victime de son succès. La sur- fréquentation du site entraine sa dégradation. Alors pour protéger l’îlot, une action de végétalisation du littoral est lancée par le Conservatoire du littoral et ses partenaires.

 

 

Les différents protagonistes du projets de reconstitution écologique de l'îlot Bandrélé se sont donné rendez-vous le 13 Avril sur le site.

La mise en défens est la première chose qui frappe l’œil lorsque l’embarcation approche de l’ilot. On ne peut manquer la barrière qui protège le haut de la plage. Derrière cette clôture, des plants de liserons de mer ou ipomées. Ils ont été plantés à la fin du mois de mars.  “Les ipomées sont des espèces rampantes de haute plage, d’arrière-plage qui sont naturellement présentent sur cet écosystème-là. Avec les différentes dégradations, les piétinements, les déchets etc… ces plantes ont tendance à disparaitre“ explique Yohann Graverant chargé de projet en restauration écologique pour le conservatoire du littoral.

La mise en défens permet de protéger les pieds d'ipomées nouvellement plantés. Pour protéger les plantations, il est recommandé de ne pas franchir la barrière.

Aujourd’hui, le Conservatoire du littoral, la Mairie de Bandrélé, la Communauté des Communes du Sud, la FMAE et les associations ASVM et 976 Sud Prévention tentent de recréer naturellement les végétations du littorales. Les ipomées sont indispensables à la préservation du site. “Cette espèce limite les colonisations par d’autres espèces exotiques, ça permet de limiter l’érosion et ce sont des endroits où les tortues viennent pondre“ révèle Yohann Graverant chargé de projet en restauration écologique pour le conservatoire du littoral.

On voudrait faire réagir certains élus qui ont n’ont pas encore pris conscience de la gravité de la situation liée au réchauffement climatique. 

Mourchid Attoumani, chargé de mission 976 sud prévention

 

Avant de planter ces pieds d’ipomées et mettre la clôture en place, les différents acteurs ont préalablement procéder au nettoyage de l’ilot. “On a vu l’état de l’ilot après les Beach party l’an dernier. En tant qu’acteur lié à l’environnement, on s’est décidé d’intervenir. Mais vu que le site appartient au Conservatoire du Littoral, on a essayé de se rapprocher d’eux, de se rapprocher de la mairie de Bandrélé et de la FMAE pour que l’on puisse faire des plantations, des nettoyages et faire de la sensibilisation auprès des gens qui viennent sur le site “ déclare Mourchid Attoumani, chargé de mission 976 sud prévention.

600 boutures d’ipomées ont déjà été plantées à la fin du mois de mars. A la fin de l’année, 1000 plants de plusieurs espèces viendront enrichir la végétation de l’îlot. “ On veut garder la richesse de la faune, de la flore que l’on a sur ce site, mais on veut également travailler sur tout Mayotte. Pour l’instant on s’est focalisé sur ce site par rapport à la gravité de la situation “ dénonce Mourchid Attoumani, chargé de mission 976 sud prévention

Les acteurs du projet immortalisent le moment en prenant la pose

Après la séance photos, il faut se mettre au travail. Des trous sont creusés dans le sable pour pouvoir planter les pieds d’ipomées ainsi que la pancarte enjoignant les visiteurs à ne pas passer au-delà de la barrière.

Au vu des importantes dégradations du site, la mairie de Bandrélé a jugé nécessaire de travailler avec le Conservatoire du Littoral. D’autres collectivités se sont jointes à eux. “Il est très important que les collectivités s’associent à ce genre de projets, confie Ali Moussa Moussa Ben, le maire de Bandrélé. Vous le savez, ce site est géré par le Conservatoire du littoral. Mais on a remarqué depuis plusieurs années qu’on se dit : ce n’est pas ma mission mais c’est la mission de l’autre. Finalement, on a vu que le travail n’était pas fait. Il est donc important que les différentes instances se tiennent main dans la main pour mener ce genre de mission. “

le conservatoire du littoral, la Communauté des Communes du Sud, la municipalité de Bandrélé et les associations environnementales ASVM et 976 Sud Prévention luttent ensemble pour la sauvegarde du patrimoine naturel de l'îlot Bandrélé.

“Cette opération est un tremplin pour toucher beaucoup de monde, pour réaliser beaucoup de projets environnementaux à l'avenir. “

Mourchid Attoumani, chargé de mission 976 sud prévention

Reconstituer l’écosystème de l’ilot est une première étape. Il faudra ensuite penser à la gestion de ce site isolé. “L’idée au final, c’est de vraiment se poser des questions sur la gestion du site. On ne va pas empêcher la fréquentation de l’îlot. Mais elle sera réglementée afin que la nature soit préservée“ annonce Ali Moussa Moussa Ben.

Mu Uminat Cheick Ahmed, enlève un plant de son pot. La vice-présidente chargée de l’environnement à l’intercommunalité du Sud met une ipomée en terre, sous les applaudissements de l’assistance. Le maire de Bandrélé lui emboite le pas. Il se saisit délicatement d’un plan qui viendra étoffer le couvert végétal de l’îlot. Tous les participants s’y mettent ensuite. Une vingtaine d’ipomées seront plantées ce jour.

Tout le monde met la main à la pâte pour planter les pieds d'ipomées. Cette espèce rampante limite l'érosion et la propagation des espèces exotiques envahissantes tel que le lantana camara.

La Communauté des Communes du Sud participe à ce projet pour la plantation et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet d’Atlas de la biodiversité intercommunale sur le territoire du sud. “Ça consiste à inventorier l’ensemble des espèces que nous avons tant dans la faune que dans la flore sur notre territoire, explique Mu Uminat Cheick Ahmed, vice-présidente chargée de l’environnement et de l’énergie à l’intercommunalité du sud. Pour mettre en valeur cette richesse que nous avons ici au sud. Et ainsi qu’on prenne en compte ces enjeux dans toutes nos politiques environnementales. “

Ce projet est participatif, grâce à une simple photo, les contributeurs étoffent l’Atlas. “Ça nous permet d’identifier les espèces grâce aux photos. En plus, quand la photo est prise, il y a la position GPS donc on sait où se trouve l’espèce. Ça nous permet de faire une cartographie de tous ce qu’il y a sur notre territoire“ conclut Mu Uminat Cheick Ahmed, vice-présidente chargée de l’environnement et de l’énergie à l’intercommunalité du sud.

La mairie de Bandrélé et le Conservatoire du littoral ont chacun injecté 19 000 euros dans le projet de restauration de l’ilot de Bandrélé. Une restauration qui se poursuivra par des plantations sur l’arrière plage.