Pour se rendre compte des conditions de vie dans les bidonvilles de Mayotte, il n’a pas fallu aller bien loin. A seulement, une vingtaine de kilomètres au nord de la ville chef-lieu dans la commune de Bandraboua, précisément dans le quartier Kanaléni à Dzoumogné. Les bidonvilles ont fleuri en quelques années. Dans les hauteurs, les maisons en tôle sont légion et la zone est inondable, ce qui rend la vie très difficile pendant la saison des pluies.
Nous avons rencontré Naila, une adolescente de 16 ans qui a accepté de nous parler de son quotidien. Elle vit avec sa famille dans un banga familial (case en tôle) de seulement 40 mètres carrés où une douzaine de personnes s'entassent. Il n'y a ni eau courante ni électricité et les habitants doivent se débrouiller avec les moyens du bord.
Elle nous explique que l'eau était disponible à une borne fontaine en bas du quartier, mais qu'il était difficile d'y accéder pendant la saison des pluies en raison des inondations.
Pour l'électricité, certaines familles ont des panneaux solaires, mais pas toutes. Chez moi, il y a un panneau solaire, mais quand il n'est pas chargé, il n'y a pas d'électricité
Naila, 16 ans
L'entraide dans les bidonvilles
Une vie dans les bidonvilles implique de survivre au quotidien, en comptant sur l’entraide.
Nous avons rencontré d’autres familles dans un quartier à Bandraboua, sur les hauteurs de la ville, où un bidonville a poussé ces dernières années.
Wardati a accepté de nous parler et nous a expliqué qu' « elle aimerait rentrer à Anjouan, son pays d'origine, si ses enfants étaient assez grands et ne dépendaient pas d'elle. Mais elle ne peut pas les emmener avec elle car la vie là-bas est encore plus difficile qu'à Mayotte. »
Elle ne nous en dit pas plus mais accepte tout de même de nous montrer son logement, le seul dans le quartier, équipé d'un tuyau d'eau. Le mari de Wardati témoigne :
L'alimentation en eau, on l'a avec l'aide d'un voisin qui habite en aval, pas loin de la mairie, mais nous payons moitié-moitié. Si c'est 100 euros, nous payons 50. Si c'est 10, on paye les 5 euros. Le problème, c'est que nous n'avons pas d'électricité pour conserver nos aliments. Alors, un ami accepte de nous aider en les congelant chez lui. Et si on en a besoin, on envoie les enfants les chercher.
Habitant du quartier informel dit "PPF" à Bandraboua
Espoirs et inquiétudes chez les habitants des bidonvilles du Sud
Dans le sud de l'île, à Bandrele, dans le village de Hamouro, les conditions de vie sont tout aussi déplorables. Les habitants vivent dans un quartier informel construit en toute illégalité. Certains, comme Mariama, sont reconnaissants pour tout ce que Mayotte leur a apporté dans leur vie et ne s'opposent pas à cette opération. Ils savent que leur présence sur l'île est illégale et qu'ils peuvent être expulsés à tout moment.
Nous avions déjà anticipé l’arrivée de ce jour, et maintenant nous y sommes. Et on ne va pas s’y opposer car nous ne sommes pas dans notre pays, il faut respecter les autorités.
MariamaHabitante d'un quartier informel à Hamouro
Cela fait déjà 30 ans qu’elle habite dans ce bidonville et elle nourrit l’espoir d’être relogée dans des conditions dignes.
La vie dans les bidonvilles de Mayotte est un combat quotidien pour survivre. Malgré les difficultés, ces zones se sont multipliées ces dernières années. Vivre dans la précarité devient alors une réalité, où l'on doit compter sur la solidarité des habitants pour s'en sortir.