27 détenus sont transférés ce lundi et mardi 8 octobre de la prison de Majicavo vers les prisons de La Réunion. Le fourgon de l'administration pénitentiaire était bien visible ce matin sur le tarmac de l'aéroport Marcel-Henry. "On reste sur de l'interdépartementalisation, sur de l'océan Indien, sur un devoir de solidarité, donc on participe à de la gestion de crise. L'administration pénitentiaire, de surcroît en Outre-mer, ne peut pas fonctionner autrement", annonce Julie Latou, la directrice du centre pénitentiaire de Saint-Denis, invitée dans la matinale de Réunion 1ère.
230% de surpopulation carcérale
C'était une demande des syndicats de la prison de Majicavo, suite à la mutinerie organisée le 28 septembre au sein du centre de détention, quand plusieurs surveillants ont été retenus en otage. Les principaux meneurs de la mutinerie seront envoyés dans l'Hexagone, assure Julie Latou. "C'est un bon début", se réjouit Ibrahima Condro, le secrétaire de la CGT de l'établissement pénitentiaire mahorais. "C'est une bonne nouvelle, même si ce n'est pas suffisant."
La surpopulation carcérale à Majicavo atteint des sommets, dépassant les 230%, avec 650 détenus pour 278 places. Ces transfèrements avaient été négociés lors de la visite la semaine précédente de la directrice interrégionale des services pénitentiaires de l’Outre-mer. "On avait demandé à ce que d'autres détenus soient envoyés dans l'Hexagone, ils nous ont dit 'oui', mais sans donner de chiffres", ajoute le syndicaliste. "Il faut qu'on transfère les longues peines, ceux qui sont condamnés à 15 ou 20 ans de prison ne devraient pas rester à Majicavo."
L'arlésienne de la deuxième prison
Sollicitée, l'administration pénitentiaire confirme des transferts de détenus, mais sans non plus avancer de chiffre. "Le ministère de la Justice s’est engagé à ouvrir un second établissement pénitentiaire et un centre de semi-liberté à Mayotte, dans le cadre de la mise en œuvre du programme pénitentiaire 'plan 15 000'", explique le ministère. "Des études foncières et d’urbanisme préliminaire sont en cours depuis 2023 pour identifier des terrains disponibles pour la construction d’un établissement pénitentiaire de 400 places et d’un centre de semi-liberté de 15 à 20 places." Plusieurs sites ont été expertisés pour savoir s'ils répondent à "des impératifs précis d'accès, d'espace et de topologie."
Cette deuxième prison a été annoncée il y a déjà deux ans, un retard qui a provoqué la démission ce lundi du directeur de la prison de Majicavo. Il dit espérer "attirer l'attention sur la situation de l'établissement" dans une vidéo. "On alerte le national depuis des années et on n'est jamais écouté, je doute que ça change quelque chose", se résigne Ibrahima Condro, avant de supputer : "peut-être qu'il s'est dit que c'était fichu, que rien n'allait changer."