Ce week-end, les responsables du Medef Mayotte, de la CPME, de FMBTP, de l'UMIH, de l'U2P, de la CCI Mayotte et de la Chambre d'Agriculture appelaient tous dans un communiqué à une reprise du travail pour l'ensemble des salariés du privé, ce lundi 19 février.
Mais l'espoir d'une reprise est vite retombé suite à la décision prise par les responsables de barrages de maintenir les blocages. "Je pense que tout va se faire progressivement", lance pour autant Carla Baltus, la présidente du MEDEF Mayotte.
Des milliers d'emplois menacés
Invitée dans le journal télévisé de Mayotte la 1ère, la représentante du patronat a défendu qu'il était important de rappeler et d'expliquer les difficultés rencontrées par les entreprises mahoraises depuis que cette crise paralyse l'île.
Dans le département, les salariés du privé représentent 21 000 personnes, souligne Carla Baltus. Des milliers d’emplois qui sont menacés ou dans l'incertitude, comme indiqué dans le communiqué du patronat mahorais. "L’absence de trésorerie pour beaucoup d’entreprises ne permettra pas le paiement des salaires dans les délais légaux. Et quand bien même certains salaires seront payés, pour la plupart, ils ne seront pas complets".
Des pertes de l'ordre de 80 à 100% pour plusieurs entreprises
Pour beaucoup d'entreprises, les pertes liées à ces barrages "s'évaluent entre 100% et 80%", estime Carla Baltus, même si "pour l'instant, on ne peut pas avoir de chiffres globaux puisque tout est bloqué". Seulement un quart des salariés arrive encore à travailler. "Ce matin, il y a eu un petit regain, ça commence à reprendre", assure toutefois Carla Baltus.
Toujours est-il que ces 28 jours de crise, en ce début d’année 2024, surviennent après une autre série de crises en 2023. Et la liste des conséquences dressée par les organisations patronales est longue : baisse de productions agricoles, pertes d'emplois, augmentations des surcoûts, menaces imminentes de cessations d'activités et notamment des TPE- PME, difficultés et/ou absences de livraisons de marchandises, retard à tout niveau dans les réalisations des projets structurants du territoire, faillites,...
Des patrons au bout du rouleau
"On se bat tous ensemble pour trouver des solutions", ajoute néanmoins Carla Baltus. "Tous les dispositifs d'aide qui pourront être mis afin d'accompagner les chefs d'entreprise dans les jours à venir seront plus que nécessaires, parce la reprise économique prendra plusieurs mois".
Sur le plan psychologique, la représentante du Medef Mayotte souligne que "beaucoup de chefs d'entreprise sont au bout du rouleau". Reste l'entraide. "Au sein de nos syndicats respectifs, on essaie de se soutenir moralement et le fait de partager permet de relativiser nos problèmes puisque tout le monde subit un peu la même chose..."