La Cour Suprême des Comores a proclamé les résultats officiels de l’élection présidentielle du 24 mars dernier. Le président sortant passe dès le premier tour, crédité de 59,05% des voix.
Cette réélection triomphale aurait dû être...triomphante. Obtenir un tel score face à 12 candidats d’opposition est une performance que les comoriens auraient pu fêter dans la liesse populaire. C’est au contraire un lourd silence qui accueille ce résultat. La population de l’archipel semble résignée à accepter une victoire à laquelle elle n’a pas participé.
La « réélection » d’Azali Assoumani est l’aboutissement d’un processus mené depuis plus d’un an, pas à pas, par le camp présidentiel. Fin 2017, quelques voix s’élevaient pour changer la constitution. Il fallait en finir avec le système de la « tournante » en vigueur depuis 2001, qui permettait à chaque île d’exercer le pouvoir suprême pendant cinq ans à tour de rôle. Le Président Azali organisait alors des « Assises Nationales » auxquelles allaient participer des « délégués » dûment badgés prêts à applaudir le projet d’un changement constitutionnel moyennant de menus défraiements, voyages, hôtel, repas et quelques selfies avec le chef de l’Etat.
Le président s’offrait au passage la dissolution d’une Cour Constitutionnelle qui pouvait s’avérer gênante. Jusqu’à ce jour personne n’a pu justifier légalement cette suppression.
Il fallait une volonté populaire pour changer la constitution. Qu’à cela ne tienne, un référendum était organisé le 30 juillet 2018. Tous les observateurs avaient alors noté que, ce jour là, les bureaux étaient restés vides d’électeurs, mais que les urnes étaient pleines à la fin du scrutin.
Ce bourrage d’urnes savamment organisé avait abouti à une adoption à plus de 92%. Là encore, aucune fête, aucune liesse populaire ne marquait cette "victoire".
La nouvelle constitution allait permettre au Président de remettre les compteurs à zéro pour se présenter pour cinq ans, et encore cinq ans ultérieurement.
Arrivait alors l’étape la plus difficile du parcours : l’élection présidentielle.
Un soulèvement de quelques mutins à Anjouan et des soupçons d’une déstabilisation orchestrée par l’opposition allaient fournir l’occasion d’emprisonner les opposants les plus sérieux, et de déclarer d’autres inéligibles.
Le 24 mars dernier, les observateurs les plus organisés et indépendants, et les journalistes, se retrouvaient écartés du processus. Des électeurs constataient que des urnes étaient pleines avant même l’ouverture des bureaux. A la nuit tombée, il s’agissait de faire coïncider les bulletins de vote avec les procès verbaux. On brûlait des paquets de bulletins dans le Palais du Peuple pour les remplacer par d’autres dûment reconstitués au bénéfice du Président-candidat.
L’opposant le plus tonitruant, Mohamed Soilihi, alias « Campagnard » envisageait alors d’organiser une contestation et prenait la tête d’un Conseil National de Transition. À peine sa première déclaration enregistrée, il se retrouvait au mitard dans une gendarmerie.
Un officier et deux civils allaient-ils tenter de retourner les militaires contre Azali en allant à leur rencontre au camp de Kandani ? Peu de temps après, on apprenait qu’ils avaient été tués dans des « échanges de tirs » ; et toute la population priée de croire que deux soldats et un civil allaient à eux seuls attaquer toute une caserne.
L’opposition tenue en respect, la presse muselée, la population apeurée… La voie était libre pour le début d’une nouvelle ère sous Azali.
La « réélection » d’Azali Assoumani est l’aboutissement d’un processus mené depuis plus d’un an, pas à pas, par le camp présidentiel. Fin 2017, quelques voix s’élevaient pour changer la constitution. Il fallait en finir avec le système de la « tournante » en vigueur depuis 2001, qui permettait à chaque île d’exercer le pouvoir suprême pendant cinq ans à tour de rôle. Le Président Azali organisait alors des « Assises Nationales » auxquelles allaient participer des « délégués » dûment badgés prêts à applaudir le projet d’un changement constitutionnel moyennant de menus défraiements, voyages, hôtel, repas et quelques selfies avec le chef de l’Etat.
Le président s’offrait au passage la dissolution d’une Cour Constitutionnelle qui pouvait s’avérer gênante. Jusqu’à ce jour personne n’a pu justifier légalement cette suppression.
Des bureaux vides et des urnes pleines
Il fallait une volonté populaire pour changer la constitution. Qu’à cela ne tienne, un référendum était organisé le 30 juillet 2018. Tous les observateurs avaient alors noté que, ce jour là, les bureaux étaient restés vides d’électeurs, mais que les urnes étaient pleines à la fin du scrutin.
Ce bourrage d’urnes savamment organisé avait abouti à une adoption à plus de 92%. Là encore, aucune fête, aucune liesse populaire ne marquait cette "victoire".
La nouvelle constitution allait permettre au Président de remettre les compteurs à zéro pour se présenter pour cinq ans, et encore cinq ans ultérieurement.
Arrivait alors l’étape la plus difficile du parcours : l’élection présidentielle.
Un soulèvement de quelques mutins à Anjouan et des soupçons d’une déstabilisation orchestrée par l’opposition allaient fournir l’occasion d’emprisonner les opposants les plus sérieux, et de déclarer d’autres inéligibles.
Le 24 mars dernier, les observateurs les plus organisés et indépendants, et les journalistes, se retrouvaient écartés du processus. Des électeurs constataient que des urnes étaient pleines avant même l’ouverture des bureaux. A la nuit tombée, il s’agissait de faire coïncider les bulletins de vote avec les procès verbaux. On brûlait des paquets de bulletins dans le Palais du Peuple pour les remplacer par d’autres dûment reconstitués au bénéfice du Président-candidat.
La contestation étouffée dans l’œuf
L’opposant le plus tonitruant, Mohamed Soilihi, alias « Campagnard » envisageait alors d’organiser une contestation et prenait la tête d’un Conseil National de Transition. À peine sa première déclaration enregistrée, il se retrouvait au mitard dans une gendarmerie.
Un officier et deux civils allaient-ils tenter de retourner les militaires contre Azali en allant à leur rencontre au camp de Kandani ? Peu de temps après, on apprenait qu’ils avaient été tués dans des « échanges de tirs » ; et toute la population priée de croire que deux soldats et un civil allaient à eux seuls attaquer toute une caserne.
L’opposition tenue en respect, la presse muselée, la population apeurée… La voie était libre pour le début d’une nouvelle ère sous Azali.