Coronavirus :  « ça devient difficile de couper la chaine de transmission »

Dominique Voynet directrice de l'ARS
Alors que le virus ne cesse de gagner du terrain, l’agence régionale de santé fait le constat amer d’une indifférence totale de certains, qui « négligent totalement le message, s’en fichent de contaminer leur entourage. »
 
Dominique Voynet. La directrice de l’ARS a donné plusieurs exemple de personnes refusant d'admettre d'être atteintes covid-19.
Une première personne est testée positive. Quand elle l’apprend, elle déclare « moi je m’en fiche, je ne me sens pas malade, je vais travailler ». Un autre, lui, est carrément allé se cacher chez sa mère pendant une semaine, évitant les passages à son domicile des autorités sanitaires venues lui apporter des masques pour protéger ses proches.

Il faut que les gens prennent conscience de la situation, surtout que pour ces deux exemples, on est loin des quartiers les plus précaires du territoire 

annonce Dominique Voynet. Sinon, prévient-elle, on se retrouvera avec des décès qu’on aurait pu éviter à l’hôpital comme au domicile.  Dans ce contexte, ça devient difficile de couper la chaine de transmission.

Ces derniers jours, l’ARS a donc appelé les maires concernés par une forte circulation du virus. Les quartiers les plus précaires du grand Mamoudzou sont toujours les plus concernés, même si on retrouve des cas inattendus un peu partout sur l’île.
Il faut également arrêter le déni face à la maladie.

Dominique Voynet le prouve en chiffre. En métropole, les décès liés au COVID-19 concernent 1 voire 2% de la population. Ça vaut donc le coup de se faire soigner rappelle-t-elle.

Le pic épidémique est toujours attendu pour le 20 mai.

Dans ce sens, les EVASAN se poursuivent. Cette semaine, sept patients en réanimation ont été évacués vers la Réunion. On continue d’évasaner les patients hors covid-19 pour libérer des lits. On pourrait également décider d’évacuer  certains patients atteints du coronavirus si on se retrouve confrontés dans les jours à venir à une forte épidémie qui submerge les capacités du CHM.


Dominique Voynet annonce également qu’un des patients évasané à la réunion a finalement été testé positif au covid 19, une fois sur place. Il avait subi deux tests à Mayotte avant d’être évacué. Les deux tests s’étaient avérés négatifs.

La directrice de l’ARS a également abordé la question du déconfinement. « je tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de vous répondre ». On sait désormais que la décision pour Mayotte sera prise par le cabinet du premier ministre. Chacun, à Mayotte, fait donc remonter ses arguments. Et même si, Dominique Voynet était pour un confinement au moins jusqu’au 25 mai, elle semble désormais plaider pour un déconfinement le 18 mai « tout en gardant un haut niveau de vigilancer » prévient-elle.

Il faut que la population garde les bons gestes 

assure-t-elle avant de plaider pour le port du masque. « Si tout le monde le porte, ça limite forcement la propagation du virus »
En ce qui concerne la rentrée le 18 mai, la directrice de l’ARS ne donnera pas son avis. Lançant un « bien tenté » à la question posé. La décision sera prise le 14 mai, avec elle autour de la table, on retrouvera le préfet, le recteur et les maires. « j’annonce tous les jours, le nombre de cas. Ils sont aussi grands que moi. »

Pour éviter de revivre l’épisode du week-end dernier, l’épuisement économique de beaucoup de familles ou encore le décrochage scolaire, il faut déconfiner selon certains. Oui mais en face le risque d’embrassement épidémique est « majeur, majeur » sachant qu’à l’heure actuelle à Mayotte, une personne peut contaminer en moyenne quasi deux autres personnes.