Coronavirus : Colère des représentants du personnel de la prison de Majicavo

Alors que la réalisation des tests continue au centre pénitentiaire de Majicavo, sur place la tension reste encore vive. Les représentants du personnel dénoncent un manque d’anticipation de la part de leur direction mais aussi de l’ARS.
 
 
Extrait du journal du 01 Juin, annonce du nouveau foyer de contamination: la prison de Majicavo. ©Anastasia Laguerra et Maoulida Boinahéry
Les  représentants du personnel affirment avoir demandé depuis fin mars à ce que tous les agents soient dépistés, mais la direction n’aurait pas réagi. Les syndicats disent avoir demandé aussi  des masques, mais on leur aurait répondu :

 Ce n’était pas nécessaire.


Pour Masoundi, surveillant et représentant local UFAP/UNSa, le dépistage massif qui se fait depuis la fin de la semaine dernière à Majicavo

Arrive très tardivement. C’est le médecin après la mort.


Les problématiques soulevées par les représentants syndicaux
A la maison d’arrêt de Majicavo, des agents testés positifs et placés en quatorzaine « reviennent au travail sans être dépisté de nouveau » nous confie Masoundi. Ils craignent que ces mêmes personnes soient aussi à l’origine de la propagation du virus au sein de l’établissement « Les agents ont la boule au ventre ».

Souf Abdourahamane secrétaire local FO Mayotte dénonce: 

« L’ARS et la direction disent que ce sont les agents qui ont importé le virus ici, ils veulent nous rejeter la faute alors que ce sont eux les responsables. Comment expliquer que quatre agents sont testés positifs et n’ont pas été mis au courant ? Ils venaient travailler en toute tranquillité car l’ARS aurait oublié de les prévenir. C’est inadmissible » .

 
Concernant les conditions de détention, depuis la propagation du virus à la prison de Majicavo, une réorganisation a été mise en place au sein de l’établissement mais beaucoup s’interroge.
Tous les détenus contaminés sont regroupés ensemble, Souf Abdourahamane nous dit :

3-4 détenus contaminés sont placés dans une même cellule parce qu’il n’y a pas assez de place.


Du gel hydroalcoolique, des savons et des masques sont mis à dispositions pour limiter la propagation, mais beaucoup de détenus ne respecteraient pas ces mesures.
Si le gouvernement a interdit les rencontres sportives et collectives depuis le début de la pandémie, à la prison de Majicavo les activités comme le football « fonctionne encore jusqu’à aujourd’hui ». Selon les représentants des personnels, la direction a peur que les détenus « se révoltent » s’ils venaient à cesser ces loisirs. Pour faire de la place au centre pénitentiaire de Majicavo, une cinquantaine de détenus ont été libérés depuis le début de la crise sanitaire.
 
Au total, sur l’ensemble des dépistages réalisés à la maison d’arrêt (près de 400 tests), 129 cas se sont avérés positifs à ce jour ( le 2 juin)
Des chiffres qui vont sans doute augmenter au fur et à mesure que les résultats des tests seront dévoilés.
Extrait du journal sur la série de tests à la prison de Majicavo. ©Mayotte la 1ère