Pour Estelle Youssouffa, le premier ministre François Bayrou a commis une nouvelle erreur en choisissant le lundi 23 décembre, jour de deuil national en hommage aux victimes du cyclone Chido à Mayotte, pour présenter les membres de son gouvernement.
Ce jour, a argumenté la députée mahoraise dans une interview sur France Inter était "censé nous permettre à nous tous, non seulement de nous recueillir, mais aussi d’obtenir une mobilisation plus importante, mais la petite tambouille parisienne continue et en fait, on s’en fout de Mayotte, c’est grave..."
Regardez cet extrait de l'interview d'Estelle Youssoufa sur France Inter :
"Un gouvernement qui fait de la com'"
"Je ne suis pas seulement bouleversée, a-t-elle encore lâché émue. C’est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu’on n’a plus les mots". Alors que l'archipel est "dans une grande détresse humanitaire", et est qui plus est "un désert sanitaire", les membres du gouvernement "font de la com’ comme si de rien n’était", s'est-elle indignée.
"C’est d’une rare obscénité !", tout en déplorant au passage que le ministère de la Santé soit jusqu'à présent "aux abonnés absents". "L’obsession générale de la classe politique à Paris, c’est le remaniement", regrette une Estelle Youssoufa attaquant par ailleurs un premier ministre "qui avait un conseil municipal à Pau" et "qui n’est toujours pas venu à Mayotte".
"Il n’y a pas d’eau à Mayotte"
Estelle Youssouffa n'a pas non plus manqué de s'en prendre à Bruno Retailleau, qui garde d'ailleurs son poste au ministère de l'Intérieur. "Depuis lundi dernier, il a fait son opération de communication à Mayotte (...) et il est reparti".
Un Bruno Retailleau accusée aussi de "proclamer des informations fausses" dans ses interviews. "Il n’y a pas d’eau à Mayotte. Il continue à y avoir des coupures d’eau dans les zones où l’on a remis l’eau", a martelé la députée en référence à la promesse, effectivement non tenue, du retour de l'eau courante pour 90% de la population durant le week-end dernier.
"Plusieurs dizaines de milliers de disparus dans les bidonvilles", maintient la députée
Elle a également rappelé le quotidien des Mahorais. "Notre population n’a pas d’eau, pas de secours, je demande désespérément qu’on envoie l’armée pour essayer d’éviter qu’on bascule dans l’anarchie . On est en train de piller les maisons qui n’ont déjà plus de toit, on a même essayé de piller ma propre maison !"
"L’ampleur de la catastrophe est connue, 90% de Mayotte est détruite", a-t-elle défendu. Ce que l’on ne connaît pas, c’est l’ampleur du bilan humain, c’est le nombre de personnes décédées dans les bidonvilles. On évalue les disparus à plusieurs dizaines de milliers de personnes, puisque ces zones extrêmement densément peuplées sont aujourd’hui quasiment vides".
Plusieurs dizaines de morts ou plusieurs milliers ?
La députée mahoraise maintient donc une estimation vivement critiquée par le gouvernement. Alors qu'au lendemain de la catastrophe, le préfet François-Xavier Bieuville parlait de "plusieurs centaines de morts", voire peut-être même de près d'un "millier" d'un victimes, le premier ministre François Bayrou a, lui, déclaré sur BFMTV que ce nombre se comptait plutôt "en dizaines et pas en milliers".
Mais Estelle Youssoufa persiste et signe : "Les bidonvilles concentrent en temps normal des dizaines de milliers de personnes et il n’y a que quelques milliers de personnes dans les abris. Ces personnes ne se sont pas évaporées !" Selon l'élue, ces victimes auraient été "ensevelies sous les tonnes de boue, de détritus et de tôles".