Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le plus violent dans l'île depuis 1934, aucun bilan officiel du nombre de mort ou de blessé ne peut être établi. "Je pense qu'il y a certaines plusieurs centaines de morts, peut-être approcheront nous le millier", estime le préfet de Mayotte sur le plateau de Mayotte la 1ère. "C'est extrêmement difficile d'avoir un décompte, nous avons un décompte lié à l'hôpital."
Le CHM faisait état de 11 morts et près de 250 blessés, dont 9 en urgence absolue. "Ce résultat-là n'est pas plausible", ajoute François-Xavier Bieuville, faisant référence aux scènes de désolation qui ont remplacé les paysages de Mayotte. "Il y a aussi la tradition musulmane d'enterrer les morts en moins de 24h." Sans la remettre en question, "certains morts ne seront pas recensés", admet le préfet.
Alors où sont les habitants des bidonvilles, entièrement dévastés ? Beaucoup craignent qu'ils ne soient sous les amas de tôle. "Cela fait partie des hypothèses, il y en a une autre : ce que j'appelle la sidération, la stupéfaction. Subir un événement très violent pendant plusieurs heures, c'est une situation qui marque les esprits, qui font que les gens restent là où ils sont", suppose le préfet. "Mais je n'écarte aucune hypothèse."
L'alerte rouge levée
L'alerte rouge a été levée à Mayotte "pour permettre à chacun de pouvoir se déplacer plus librement, nous avons désormais à reconstruire", explique le représentant de l'Etat. "La France est un grand pays et Mayotte fait partie de la France. La grande qualité de la France c'est de savoir se relever." Le préfet a défini trois priorités : la sécuriser la population, rétablir la circulation et les services publics essentiels et établir un pont aérien avec La Réunion et l'Hexagone pour permettre l'envoi de renforts et de ravitaillement. "
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre des Outre-mer, François-Noel Buffet se rendront dès ce lundi à Mayotte. "Les ministres ont décidé de venir au chevet de Mayotte, je pense que c'est un signe extrêmement fort", ajoute François-Xavier Bieuville. Les ministres devraient "annoncer un certain nombre de choses et faire passer le message de rester courageux et solidaire."
"Si c'était à refaire, j'en ferais encore plus informer"
"Nous l'avons tous vécu dans notre chair. J'étais au centre de commandement avec tous les services mobilisés et le plafond s'est envolé, on s'est retrouvé face à la tempête", raconte le préfet, évoquant un phénomène "extrêmement violent" pour chacun d'entre nous. "Dans une préparation de crise, on essaye de faire tout notre possible. Si c'était à refaire, j'en ferai encore plus pour aller loin dans l'information." 120 centres d'hébergement d'urgence ont été ouverts, 10.000 habitants ont été mis à l'abri. "Au moment de l'événement, des personnes arrivaient encore dans les centres", constate François-Xavier Bieuville.
Concernant le rétablissement des services essentiels, l'eau a déjà pu être rétablie dans certaines communes comme Chirongui, Sada ou encore M'tsamboro. "J'avais pris la précaution de faire remplir les cuves avant l'événement pour faire en sorte de rétablir l'eau rapidement. C'est ce qui a été fait", ajoute François-Xavier Bieuville. "Les quatre usines ont été terriblement endommagées, l'usine de l'Ouroveni a déjà pu refonctionner." Du côté de l'électricité, le courant est déjà rétabli progressivement dans certains secteurs. "Il faut remettre des pylônes, retendre des fils, nous y travailler pour que les Mahorais puissent récupérer le courant le plus rapidement possible."