En 2015 déjà, les météorologues de Mayotte constataient une hausse de température de 1,5% en 10 ans sur l’île, ainsi qu’une augmentation du niveau de la mer de 5 cm sur la même période.
" On va vers un assèchement de la saison sèche et des saisons de pluie plus abondantes...Globalement, on aura à peu près le même cumul de pluies chaque année mais distribué différemment, prévenait Bertrand LAVIEC, Délégué régional Météo France - Mayotte, avant d’ajouter que c'est assez important, voire préoccupant car on est sur une île et sur toutes les îles de cette taille - là, l’eau est un enjeu vital ".
Des experts mahorais tirent la sonnette d’alarme depuis des années notamment Ibrahim Bahédja, Docteur en géographie, Ali Madi président de la Fédération des associations environnementales de Mayotte et Saïd Hachim géographe, auteur de « Modélisation de l'accessibilité territoriale pour l'aide à la gestion de crise tsunami (Mayotte, France) » à qui j’ai posé la question suivante :
« Qu’auriez vous dit au monde, si vous aviez été invité à prendre la parole à la Cop 27 en Egypte ? ».
Sa réponse est alarmante, mais pas désespérée. Il a commencé par citer des exemples de situations qui se dégradent en rappelant que les barges qui font la navette entre les deux îles, la Petite Terre et la Grande Terre, ne peuvent plus accoster lors des grandes marées. Le niveau de la mer est en dessus des quais. Et le géographe d'ajouter qu’à Mayotte, les automobilistes ont été surpris un jour de marée d’équinoxe, l'année dernière. L’eau avait envahi la chaussée. La hausse du niveau de la mer est arrivée plus tôt que les 100 ans prévus par le rapport du GIEC.
«Si j’étais invité à cette assemblée. J’aurais emprunté la formule de l’ ancien Président de la République Française Jacques Chirac qui disait que «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs».
Saïd Hachim, Géographe
"À Mayotte, les conséquences du changement ne correspondent plus aux projections lointaines du GIEC, à l’horizon 2100. Venez observer à Bandrélé des habitations à la merci de la mer en raison de la montée rapide des eaux, des baobabs centenaires livrent leur dernier combat face à la mer à Sakouli, et à Mtsamoudou.
Une plante unique au monde, le nahmoulana, le foetidia Comenrensis, découverte seulement en 2011, est en danger critique d’extinction. Son habitat s’étend sur une superficie inférieure à terrain de football en bordure du littoral.
Cette plante disparaissant de la planète emporterait peut-être une partie du secret biologique de la vie.
Alors, on doit agir maintenant. »