Les taxis collectifs sont une institution à Mayotte. Deux euros, une voiture ou une camionnette remplie de passagers et un circuit improvisé selon leurs destinations et le secteur de couverture du professionnel. C'est l'une des rares formes de transport en commun, et depuis deux mois, elle patine. Parmi les 650 chauffeurs de taxi dans le département, de nombreux artisans ont vu leur véhicule endommagé par le cyclone Chido.
C'est le cas de Madi Chadouli : sa voiture semble avoir été martelée de coups par un géant énervé, sa carrosserie et son pare-brise gondolent dans des formes abstraites. "L'assurance vient de m'accorder 5.500 euros, mais ce n'est pas suffisant pour m'acheter une autre voiture", se désole le professionnel, qui n'a plus que sa casquette pour le protéger du soleil. "Nous devrions rencontrer nos assureurs pour faire part de nos doléances, et confirmer quelles sont les modalités de ces assurances, parce qu'elles ne font pas grand-chose."
Une assurance choisie a minima
Pour l'assureur Allianz, cela vient également du choix des clients. "En général, pour les véhicules achetés d'occasion, les taximans veulent les assurer au minimum, ce qui peut se comprendre par rapport au tarif", explique Hawdhui Mirghane, chargé de clientèle professionnelle. Il a près de 300 chauffeurs de taxi parmi ses clients, les trois quarts ont choisi l'assurance obligatoire. "C’est-à-dire couvrir les dommages causés aux autres, mais pas les dommages qu'ils subissent", ajoute-t-il. "Elle ne couvre donc pas les catastrophes naturelles."
Selon lui, les options sont limitées : l'assureur ne peut que "proposer des facilités pour transférer l'assurance vers un nouveau véhicule acheté." Une solution insuffisante pour le représentant de ces professionnels. "Les artisans ont besoin d'être soutenus, c'est à la chambre des métiers de jouer son rôle", estime Madi Baco, le président du syndicat de chauffeurs de taxi à Mayotte. "La chambre a fait des communiqués, on vous appelle pour aller chercher 1.500 euros. Tu vas faire quoi avec 1.500 euros ?" Il appelle également les élus locaux à parler d'une seule voix, pour soutenir le milieu économique mahorais.