Il était attendu depuis longtemps. Après un long combat des syndicats de salariés notamment, le conseil des prud’hommes est enfin effectif à Mayotte. Il succède au tribunal du travail, institution qui était le symbole d’une réglementation d’un autre temps. Une institution en tout cas jugée obsolète et surtout d’exception par rapport au droit commun.
Après plus de deux ans de formation et de préparation, les 28 conseillers prud’homaux (15 représentants des salariés, 13 des employeurs) se sont retrouvés au palais de justice à Kawéni pour procéder à l’élection du président, de son vice-président, ainsi que les présidents et vice-présidents de section.
Les postes ont été pourvus et ce sont des femmes qui dirigeront donc cette nouvelle instance chargée de juger les litiges entre les salariés et leurs employeurs. La présidence est revenue à Gaëlle Biguet, directrice du centre des affaires de Mayotte basé à Kawéni.
« C’est une grande première, c’est historique ! C’est un grand honneur. Le principe du conseil des prud’hommes, c’est d’être jugé par ses pairs, des juges formés, qui ont prêté serment et qui sont dans le milieu professionnel. Ils savent ce que c’est qu’être employeur ou salarié et ce ne seront plus des juges professionnels qui trancheront »
Gaëlle Biguet, présidente du conseil des prud’hommes de Mayotte.
À la vice-présidence, ce sera Ambaria Madi, référente à la BFC et membre de la CGT. Pour elle, avoir des responsabilités de ce niveau au sein de cette nouvelle instance est « un honneur, une fierté familiale ». Anfia Aladini (CGT, CSSM) présidera la section interprofessionnelle et aura comme vice-présidente Lydia Dorol (collège des employeurs). La section encadrement qui sera chargée de juger les affaires concernant les cadres sera présidée par Sitti Batoul Saïd Ali (collège des employeurs et dirigeante de l’agence de communication Inadcom). Elle sera secondée par Mounira Madi (collège des salariés). Pour rappel, les candidatures sont totalement libres et ce sont donc des femmes volontaires et qui ont su convaincre leurs pairs pour occuper ces postes à responsabilité.
Normalement, le mandat au sein du bureau et du conseil des prud’hommes est de 4 ans. Mais pour s’aligner sur les autres conseils des prud’hommes de France, le mandat de ce premier conseil de Mayotte se terminera en 2023.