Dominique VOYNET, Directrice Générale préfiguratrice de la future ARS Mayotte, a rencontré, mercredi 11 septembre 2019, la presse locale pour présenter les contours de l' Agence Régionale de Santé de plein exercice à partir du 1 janvier 2020.
Médecin anesthésiste, réanimatrice et hospitalière de formation, Dominique Voynet a été amenée, au cours de sa vie militante et politique, à s’intéresser aux questions de santé publique, notamment aux liens entre l’environnement et la santé.
En tant que maire d’une grande ville en France métropolitaine, elle a eu à traiter également des sujets relevant de l’hygiène publique et à mesurer les fossés qui peuvent exister entre des réglementations et la façon dont elles s’appliquent sur le terrain.
Avant sa nomination à Mayotte, Dominique Voynet a été chargée, en 2016 – 2017, d’une grosse mission sur l’évaluation des besoins de santé dans le 101e département français dans l’ Océan Indien, notamment en ce qui concerne l’ organisation, les voies et moyens par lesquels on peut répondre aux besoins sanitaires des populations.
Au cours de l’échange à bâtons rompus avec la presse, Dominique Voynet a expliqué la philosophie et les grandes lignes de la feuille de route que lui a confiée la ministre de la santé.
« La ministre de la santé m’a dit avec insistance qu’elle souhaitait juger notre travail d’abord sur l’impact de celui-ci sur la santé des habitants de Mayotte. » a –t-elle déclaré.
Elle a précisé qu’elle et ses équipes ont pour mission d’améliorer l’offre des soins afin de mieux répondre aux besoins des Mahorais, de développer les services qui n’ existent pas encore, de mieux assurer ce qui existe, de renforcer l’attractivité pour les professionnels de santé et d’améliorer leurs conditions de travail.
Dominique Voynet a indiqué qu’au cours de la période actuelle des 3 mois de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2019, une des tâches de ses services consiste à travailler sur l’autonomie de la future Agence Régionale de Santé de Mayotte.
« Nous aurons à assumer toutes les missions d’une agence de plein exercice, prendre nos propres décisions, défendre nos dossiers à Paris et gérer notre propre budget. Etre autonome ne veut pas dire être isolé ou vivre en conflit avec l’ARS de La Réunion. Il s’agit de bien préciser les conditions de la séparation, à savoir qui va faire quoi, avec quels moyens et avec quel budget ? », a encore expliqué Dominique Voynet.
S’agissant de la situation et de l’amélioration des établissements hospitaliers de Mayotte dont l’ARS assure la tutelle, Dominique Voynet a indiqué qu’à Mayotte, l’hôpital ne fait pas seulement une offre de soins de spécialités comme la plupart des hôpitaux. Il assure aussi la gestion des centres de référence qui assurent la permanence des soins et beaucoup d’accouchements.
« Notre travail, c’est d’abord la cohérence totale de la chaîne d’offres de soins, la prévention aux soins les plus spécialisés en passant par la PMI,
par l’ organisation des médecins libéraux, par l’ accueil des urgences et l’ organisation des filières spécialisées. Je dirai que le dossier qui me préoccupe le plus en ce moment, c’est le dossier de la néonatalogie, l’un des services les plus saturés et les plus difficiles de l’hôpital. On doit vraiment y bosser sans attendre. », a souligné Dominique Voynet.
Evoquer la saturation des hôpitaux de Mayotte revient forcément à parler des relations entre Mayotte avec Les Comores.
Dominique Voynet a insisté sur la nécessité de limiter autant que possible l’impact des arrivées désordonnées des migrants clandestins comoriens et autres sur le fonctionnement de l’hôpital de Mayotte.
Elle a constaté elle-même la saturation et la désorganisation de certains services par ces arrivées, notamment dans le bloc opératoire. Quand un programme d’intervention chirurgicale est planifié et que quelqu’un arrive en urgence, on doit annuler des opérations programmées de longue date.
« Ca exaspère les personnels hospitaliers. Il faut donc s’organiser pour mieux gérer les flux pour décider qui prendre en priorité et dans quelles conditions au titre de la solidarité mais dire aussi ce qui doit être traité aux Comores et mettre en place les moyens qui permettent aux gens de faire confiance à leur système de santé aux Comores. », a-t-elle martelé.
A ce propos, Dominique Voynet a tenu à tordre le cou à une rumeur sur la mise en place d’un hôpital extraterritorial à Mayotte.
« Personne n’en parle puisque ça n’existe pas. On ne va pas mettre un hôpital extraterritorial à Mayotte. L’extraterritorialité concerne le siège de l’ONU
à New York, le Vatican en Italie, le siège de l’OTAN à Bruxelles. »
Elle a rappelé que la France a mobilisé 44 millions sur 3 ans pour améliorer le système de santé aux Comores afin d’alléger la charge qui pèse sur Mayotte aujourd’hui. Elle a ajouté qu’aucun euro n’est pris aux Mahorais. C’est de l’argent qui vient du ministère des affaires étrangères et géré par l’AFD.
Dominique Voynet a enfin développé des sujets qu’elle estime rarement traités : l’éducation à la santé, la promotion de la santé et la prévention.
« Avant de soigner, il faut réunir les conditions pour que les gens tombent moins malades. Ça ne concerne pas que les professionnels de santé mais ça concerne tout le monde. », a-t-elle souligné.
Il s’agit de la qualité de l’eau, la qualité de milieu, le problème des déchets, la qualité de l’air, les conditions d’alimentation.
Tout ça, selon elle, doit être revu pour permettre aux Mahorais de prendre en charge leur santé de façon responsable et surtout pour permettre de passer des bons messages sur l’hygiène, l’alimentation, la façon de bien élever ses enfants afin qu’on ait moins besoin de recourir aux médecins.
Dominique Voynet a terminé par ses préoccupations suivantes : rattraper le retard de Mayotte en matière d’équipements médico-social, l’accueil des personnes âgées, l’accueil des personnes handicapées, la prise en charge des personnes handicapées et de leurs familles confrontées à un lourd handicap.
« C’est quelque chose qui doit nous préoccuper à Mayotte, on ne peut pas laisser les familles face à des problèmes énormes. », a conclu Dominique Voynet.
EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU.
En tant que maire d’une grande ville en France métropolitaine, elle a eu à traiter également des sujets relevant de l’hygiène publique et à mesurer les fossés qui peuvent exister entre des réglementations et la façon dont elles s’appliquent sur le terrain.
Avant sa nomination à Mayotte, Dominique Voynet a été chargée, en 2016 – 2017, d’une grosse mission sur l’évaluation des besoins de santé dans le 101e département français dans l’ Océan Indien, notamment en ce qui concerne l’ organisation, les voies et moyens par lesquels on peut répondre aux besoins sanitaires des populations.
Au cours de l’échange à bâtons rompus avec la presse, Dominique Voynet a expliqué la philosophie et les grandes lignes de la feuille de route que lui a confiée la ministre de la santé.
« La ministre de la santé m’a dit avec insistance qu’elle souhaitait juger notre travail d’abord sur l’impact de celui-ci sur la santé des habitants de Mayotte. » a –t-elle déclaré.
Elle a précisé qu’elle et ses équipes ont pour mission d’améliorer l’offre des soins afin de mieux répondre aux besoins des Mahorais, de développer les services qui n’ existent pas encore, de mieux assurer ce qui existe, de renforcer l’attractivité pour les professionnels de santé et d’améliorer leurs conditions de travail.
Dominique Voynet a indiqué qu’au cours de la période actuelle des 3 mois de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2019, une des tâches de ses services consiste à travailler sur l’autonomie de la future Agence Régionale de Santé de Mayotte.
« Nous aurons à assumer toutes les missions d’une agence de plein exercice, prendre nos propres décisions, défendre nos dossiers à Paris et gérer notre propre budget. Etre autonome ne veut pas dire être isolé ou vivre en conflit avec l’ARS de La Réunion. Il s’agit de bien préciser les conditions de la séparation, à savoir qui va faire quoi, avec quels moyens et avec quel budget ? », a encore expliqué Dominique Voynet.
S’agissant de la situation et de l’amélioration des établissements hospitaliers de Mayotte dont l’ARS assure la tutelle, Dominique Voynet a indiqué qu’à Mayotte, l’hôpital ne fait pas seulement une offre de soins de spécialités comme la plupart des hôpitaux. Il assure aussi la gestion des centres de référence qui assurent la permanence des soins et beaucoup d’accouchements.
« Notre travail, c’est d’abord la cohérence totale de la chaîne d’offres de soins, la prévention aux soins les plus spécialisés en passant par la PMI,
par l’ organisation des médecins libéraux, par l’ accueil des urgences et l’ organisation des filières spécialisées. Je dirai que le dossier qui me préoccupe le plus en ce moment, c’est le dossier de la néonatalogie, l’un des services les plus saturés et les plus difficiles de l’hôpital. On doit vraiment y bosser sans attendre. », a souligné Dominique Voynet.
Evoquer la saturation des hôpitaux de Mayotte revient forcément à parler des relations entre Mayotte avec Les Comores.
Dominique Voynet a insisté sur la nécessité de limiter autant que possible l’impact des arrivées désordonnées des migrants clandestins comoriens et autres sur le fonctionnement de l’hôpital de Mayotte.
Elle a constaté elle-même la saturation et la désorganisation de certains services par ces arrivées, notamment dans le bloc opératoire. Quand un programme d’intervention chirurgicale est planifié et que quelqu’un arrive en urgence, on doit annuler des opérations programmées de longue date.
« Ca exaspère les personnels hospitaliers. Il faut donc s’organiser pour mieux gérer les flux pour décider qui prendre en priorité et dans quelles conditions au titre de la solidarité mais dire aussi ce qui doit être traité aux Comores et mettre en place les moyens qui permettent aux gens de faire confiance à leur système de santé aux Comores. », a-t-elle martelé.
A ce propos, Dominique Voynet a tenu à tordre le cou à une rumeur sur la mise en place d’un hôpital extraterritorial à Mayotte.
« Personne n’en parle puisque ça n’existe pas. On ne va pas mettre un hôpital extraterritorial à Mayotte. L’extraterritorialité concerne le siège de l’ONU
à New York, le Vatican en Italie, le siège de l’OTAN à Bruxelles. »
Elle a rappelé que la France a mobilisé 44 millions sur 3 ans pour améliorer le système de santé aux Comores afin d’alléger la charge qui pèse sur Mayotte aujourd’hui. Elle a ajouté qu’aucun euro n’est pris aux Mahorais. C’est de l’argent qui vient du ministère des affaires étrangères et géré par l’AFD.
Dominique Voynet a enfin développé des sujets qu’elle estime rarement traités : l’éducation à la santé, la promotion de la santé et la prévention.
« Avant de soigner, il faut réunir les conditions pour que les gens tombent moins malades. Ça ne concerne pas que les professionnels de santé mais ça concerne tout le monde. », a-t-elle souligné.
Il s’agit de la qualité de l’eau, la qualité de milieu, le problème des déchets, la qualité de l’air, les conditions d’alimentation.
Tout ça, selon elle, doit être revu pour permettre aux Mahorais de prendre en charge leur santé de façon responsable et surtout pour permettre de passer des bons messages sur l’hygiène, l’alimentation, la façon de bien élever ses enfants afin qu’on ait moins besoin de recourir aux médecins.
Dominique Voynet a terminé par ses préoccupations suivantes : rattraper le retard de Mayotte en matière d’équipements médico-social, l’accueil des personnes âgées, l’accueil des personnes handicapées, la prise en charge des personnes handicapées et de leurs familles confrontées à un lourd handicap.
« C’est quelque chose qui doit nous préoccuper à Mayotte, on ne peut pas laisser les familles face à des problèmes énormes. », a conclu Dominique Voynet.
EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU.