Une rencontre entre le comité de vigilance contre la délinquance de Majicavo et des représentants des forces de l'ordre a eu lieu ce dimanche. Un moment qui a permis de rappeler certaines règles et d'échanger mais aussi de se rendre compte du décalage de vision entre les uns et les autres.
•
« On n’est pas là pour se faire justice soi-même. On est là pour faire en sorte que nous vivions en paix. Il ne faut pas se transformer en milice. » Le capitaine Chamassi, chargé de mission à la préfecture, pose les bases de ce qu’il attend des gilets jaunes et orange du village de Majicavo-Koropa. Il est venu les rencontrer en ce dimanche après-midi pour leur rappeler la loi, les remercier de leur action et répondre à leurs questions. « J’essaye de faire ça dans le plus de villages possibles pour leur rappeler ce qu’ils ont le droit et ne pas le droit de faire car ils ne le savent pas forcément, explique ce mahorais de naissance. Ça permet d’éviter les dérives et de leur montrer que les forces de l’ordre sont à leur côté. » Entre 100 et 200 « agents », comme ils se nomment, vêtus de leur gilet et arborant leur carte de membre de l’association, sont venus participer à cette réunion qui se déroule sur la place du village, devant la mosquée du vendredi. Les notables sont aussi là. Apparus pour la première fois à Kaweni et Doujani, les gilets jaunes se sont développés à Majicavo-Koropa à la fin du mois de ramadan, mi-juin. L’association revendique entre 300 et 350 membres selon le directeur de l’association Eliame Abdallah.
La réunion débute avec un peu de retard, après la prière de l’Asr, et commence par une invocation. Le capitaine Chamassi et l’adjudant-chef Renard de la gendarmerie prennent ensuite la parole, à la fois en français et en shimaore. Ils insistent sur la distinction parfois poreuse entre prévention de la délinquance, « l’affaire de toute la population », et lutte contre la délinquance, « le travail des forces de l’ordre ». Comme tout citoyen, selon l’article 73 du code de procédure pénale, les membres des comités de vigilance ont le droit de stopper un voleur ou quelqu’un en train de commettre une infraction. Mais interdiction de le frapper ou de le déplacer, de l’emmener dans le local de l’association par exemple. « Vous n’êtes pas là pour interpeller, explique l’adjudant-chef Renard, n’ayez pas toujours à l’esprit l’intervention. Ce n’est pas votre travail. » Le capitaine Chamassi renchérit. « La plupart du temps vous devez appeler les forces de l’ordre au lieu d’intervenir. »
Pourtant la réalité sur le terrain est tout autre. Etienne, un jeune agent de 23 ans, nous explique que quand un voleur est arrêté, il est amené au bureau de l’association pour que les gendarmes viennent le récupérer. Dans le local, où trônent une écharpe tricolore, un drapeau français et deux portraits officiels d’Emmanuel Macron, sont notés tous les numéros à appeler en cas de besoin. Elamine Abdallah, directeur de l’association gérant le comité à Majicavo-Koropa, est fier de nous montrer le cahier sur lequel sont soigneusement consignés toutes les interventions réalisées par les agents, « un travail qui devrait être fait par la police » selon lui. Dans la colonne « dénouement », il est inscrit à certains endroits « amende de 100€ » ou « punition ». « La punition est de ramasser les déchets dans la rue devant » nous explique-t-il. Des peines normalement prononcées par un tribunal et non par une association de citoyens et qui montrent le décalage entre les conseils de la gendarmerie et la réalité.
La rencontre sur la place se poursuit par une série d’interventions et de questions de notables ou de membres de l’association aux deux représentants des forces de l’ordre. Quelques questions techniques : « que devons-nous faire quand on voit quelqu’un voler ? » ou « que doit-on faire s’il y a un blessé parmi nous ? » Mais les questions, appuyées par les applaudissements de la foule, sont parfois plus revendicatives et offensives envers le capitaine et l’adjudant-chef. Un des points qui a le plus agité les débats est celui des potentielles récompenses pour ceux qui participent à ces patrouilles et donnent de leur temps. « En faisant ça, on apporte une aide à l’Etat, est-ce que vous reconnaissez cette aide ?, demande avec force un des participants. Quels sont nos avantages ? La plupart des personnes qui participent aux patrouilles sont en situation irrégulière. On ne veut pas être traité de la même manière que ceux qui font des choses horribles. » La réponse du capitaine Chamassi est tout aussi ferme. « Quand il s’agit de bénévolat, on n’attend rien de l’Etat. Le bénévolat relève du cas de conscience. Il ne faut pas s’attendre à des régularisations, des rémunérations ou même juste des traitements de faveur. » Une réponse appuyée par l’adjudant-chef : « Nous avons tous quelque chose à gagner : la sécurité, que nos enfants grandissent en paix. Ça n’a pas de prix. »
Les deux représentants des forces de l’ordre ont souhaité, pour clôturer cette rencontre, remercier avec insistance les bénévoles et le personnel associatif. « Ce que vous faites est très noble et nous permet de vivre mieux » a souligné le capitaine Chamassi. Il a également mis en avant l’efficacité de ce travail, prenant l’exemple de l’ambiance à Kawéni, « le jour et la nuit depuis l’instauration de ces patrouilles ». Il a appelé de ses vœux à la pérennisation du mouvement et à la mise en place de projets permettant de récolter des subventions. Là sera la récompense selon lui. « On a beaucoup d’argent à Mayotte mais on ne l’utilise pas. Il faut, pour monter des projets de subvention, des compétences et de la rigueur que nous n’avons pas. »
La réunion débute avec un peu de retard, après la prière de l’Asr, et commence par une invocation. Le capitaine Chamassi et l’adjudant-chef Renard de la gendarmerie prennent ensuite la parole, à la fois en français et en shimaore. Ils insistent sur la distinction parfois poreuse entre prévention de la délinquance, « l’affaire de toute la population », et lutte contre la délinquance, « le travail des forces de l’ordre ». Comme tout citoyen, selon l’article 73 du code de procédure pénale, les membres des comités de vigilance ont le droit de stopper un voleur ou quelqu’un en train de commettre une infraction. Mais interdiction de le frapper ou de le déplacer, de l’emmener dans le local de l’association par exemple. « Vous n’êtes pas là pour interpeller, explique l’adjudant-chef Renard, n’ayez pas toujours à l’esprit l’intervention. Ce n’est pas votre travail. » Le capitaine Chamassi renchérit. « La plupart du temps vous devez appeler les forces de l’ordre au lieu d’intervenir. »
Un monde entre la vision de l'Etat et celle des gilets
Pourtant la réalité sur le terrain est tout autre. Etienne, un jeune agent de 23 ans, nous explique que quand un voleur est arrêté, il est amené au bureau de l’association pour que les gendarmes viennent le récupérer. Dans le local, où trônent une écharpe tricolore, un drapeau français et deux portraits officiels d’Emmanuel Macron, sont notés tous les numéros à appeler en cas de besoin. Elamine Abdallah, directeur de l’association gérant le comité à Majicavo-Koropa, est fier de nous montrer le cahier sur lequel sont soigneusement consignés toutes les interventions réalisées par les agents, « un travail qui devrait être fait par la police » selon lui. Dans la colonne « dénouement », il est inscrit à certains endroits « amende de 100€ » ou « punition ». « La punition est de ramasser les déchets dans la rue devant » nous explique-t-il. Des peines normalement prononcées par un tribunal et non par une association de citoyens et qui montrent le décalage entre les conseils de la gendarmerie et la réalité.
La rencontre sur la place se poursuit par une série d’interventions et de questions de notables ou de membres de l’association aux deux représentants des forces de l’ordre. Quelques questions techniques : « que devons-nous faire quand on voit quelqu’un voler ? » ou « que doit-on faire s’il y a un blessé parmi nous ? » Mais les questions, appuyées par les applaudissements de la foule, sont parfois plus revendicatives et offensives envers le capitaine et l’adjudant-chef. Un des points qui a le plus agité les débats est celui des potentielles récompenses pour ceux qui participent à ces patrouilles et donnent de leur temps. « En faisant ça, on apporte une aide à l’Etat, est-ce que vous reconnaissez cette aide ?, demande avec force un des participants. Quels sont nos avantages ? La plupart des personnes qui participent aux patrouilles sont en situation irrégulière. On ne veut pas être traité de la même manière que ceux qui font des choses horribles. » La réponse du capitaine Chamassi est tout aussi ferme. « Quand il s’agit de bénévolat, on n’attend rien de l’Etat. Le bénévolat relève du cas de conscience. Il ne faut pas s’attendre à des régularisations, des rémunérations ou même juste des traitements de faveur. » Une réponse appuyée par l’adjudant-chef : « Nous avons tous quelque chose à gagner : la sécurité, que nos enfants grandissent en paix. Ça n’a pas de prix. »
Une action nécessaire selon les forces de l'ordre
Les deux représentants des forces de l’ordre ont souhaité, pour clôturer cette rencontre, remercier avec insistance les bénévoles et le personnel associatif. « Ce que vous faites est très noble et nous permet de vivre mieux » a souligné le capitaine Chamassi. Il a également mis en avant l’efficacité de ce travail, prenant l’exemple de l’ambiance à Kawéni, « le jour et la nuit depuis l’instauration de ces patrouilles ». Il a appelé de ses vœux à la pérennisation du mouvement et à la mise en place de projets permettant de récolter des subventions. Là sera la récompense selon lui. « On a beaucoup d’argent à Mayotte mais on ne l’utilise pas. Il faut, pour monter des projets de subvention, des compétences et de la rigueur que nous n’avons pas. »