Echos de campagne à J- 13 : vue de Mayotte

Plus que deux semaines avant le premier tour de la présidentielle. Les meetings vont se succéder à un rythme soutenu. Il y en a eu plusieurs ce week-end, notamment hier un énorme rassemblement à Marseille autour de Jean-Luc Mélenchon.
Les organisateurs parlent de 70 000 personnes sur le Vieux-Port de Marseille. Le chiffre est difficile à vérifier, mais il est vrai qu’une foule impressionnante s’est pressée sur les quais du port, l’avenue  de la Canebière et les avenues adjacentes. Jean-Luc Mélenchon, juché sur une tribune dos à la Méditerranée a démontré une nouvelle fois ses qualités de tribun.
Le candidat de La France insoumise a réussi à faire respecter par cette foule immense une minute de silence pour les migrants morts dans la Méditerranée. « Il faut aller à la racine des problèmes et les régler. L’immigration est toujours un exil forcé, une souffrance, a-t-il affirmé. 
« Il est temps, par dessus tout à mettre un terme aux guerres » dit-il
« La victoire est à la portée de nos efforts » a lancé Jean-Luc Mélenchon sous les ovations.
 
Le candidat de la France Insoumise a annoncé qu’il renouvellera les meetings en Hologramme

On se souvient que Jean-Luc  avait été le premier à utiliser cette technique lui permettant d’être en chair et en os à Lyon et en image virtuelle sur une scène à Paris.
Il va renouveler l’expérience dans six villes de France simultanément, le 18 avril, à cinq jours du premier tour. Alors qu’il se trouvera à Dijon, ces doubles seront visibles à Clermont-Ferrand, Grenoble, Montpellier, Nancy, Nantes et Le Port, à la Réunion.
 
François Fillon, lui, a tenu son grand meeting à Paris hier, au palais des congrès de la porte de Versailles.
 
L’immense palais des congrès de la porte de Versailles porte peut-être chance à la droite, c’est là que Nicolas Sarkozy avait lancé sa campagne victorieuse de 2007.
« J’ai un projet, le plus puissant et le plus précis que tous les autres » a déclaré François Fillon devant 20 000 personnes. « Je ne suis pas une plante en pot, qui a poussé hors sol, élevée dans les grandes écoles », une pique à l’attention d’Emmanuel Macron, ou encore « Emmanuel Macron ce sont les demi-mesures, pas de changement. Emmanuel Macron c’est la France de maintenant ».
François Fillon a parlé de sa lutte contre l’islamisme : « j’appelle nos compatriotes musulmans à se soulever contre l’obscurantisme  et nous aider à faire le ménage »
On peut retenir aussi deux petites phrases « il est plus que temps d’avoir à la tête de la France un gaulliste » et puis cette allusion à sa chute de popularité suite aux affaires : « je ne vous demande pas de m’aimer, je vous demande de me soutenir ! » a-t-il lancé sous les applaudissements de la foule et de la tribune où siégeaient les principales têtes d’affiche des Républicains sauf Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, mais ces derniers lui ont apporté leur soutien par écrit. On a remarqué la présence de l’ancien premier ministre Edouard Balladur. On ne l’avait pas vu depuis longtemps.
 
Il y avait deux meetings prévus à Mayotte hier, l’un pour soutenir François Fillon, l’autre pour Emmanuel Macron
 
Le meeting des supporters de François Fillon s’est déroulé à Bandraboua. Les principaux responsables des Républicains étaient là, à commencer par Mansour Kamardine. A noter, la présence de l’ancien dirigeant du MDM Ali Mohamed qui ne soutient pas Emmanuel Macron comme le MDM, mais plutôt François Fillon car – explique-t-il – « François Fillon était le premier ministre de Nicolas Sarkozy qui nous a apporté la départementalisation ».
L’autre meeting prévu pour Emmanuel Macron à Mtsangamoudji n’a pas eu lieu finalement… Car personne n’est venu ; « en raison d’un décès dans la localité » ont expliqué les organisateurs.
 
Un coup d’œil sur le dernier sondage : Pour la première fois François Fillon est dépassé par Jean-Luc Mélenchon
 
Selon une étude de Kantar Sofres OnePoint pour LCI, le Figaro et RTL. le candidat de La France insoumise passe à 18 % d'intentions de vote. François  Fillon est à 17 % Marine le Pen et Emmanuel Macron restent à égalité à 24 %.
L'essentiel des gains enregistrés par Jean-Luc Mélenchon est obtenu en siphonnant les voix de Benoît Hamon, qui, avec 9 %, est durablement enkysté sous la barre des 10 %. 
Ce quatuor de tête renforce l'incertitude avant le premier tour.
Autre indicateur essentiel: la certitude du choix qui donne à Marine Le Pen et François Fillon un avantage non négligeable. En effet, les deux affichent les plus forts taux d'électeurs certains de voter pour eux: 76 % pour Marine Le Pen, 75 % pour François Fillon. À l'inverse, Emmanuel Macron figure toujours parmi les plus friables avec seulement un électeur sur deux qui est absolument certain de glisser un bulletin Macron dans l'urne.
 
Benoit Hamon s’est lâché dans l’émission « on n’est pas couché » sur France 2, il a confié qu’il votera Mélenchon au deuxième tour.
C’est assez rare qu’un candidat s’exprime de la sorte. La franchise de Benoit Hamon peut avoir une conséquence directe sur son électorat déjà en partie siphonné par Jean-Luc Mélenchon. Cela équivaut presque à un désistement.

Aujourd’hui c’est l’entrée en campagne officielle. Le principe est de donner aux électeurs toutes les clés pour faire leur choix. Qu’il s’agisse de la radio, la télévision, l’affichage, et même l’envoi de tracts : tout est règlementé.
 
Comme nous l’avions expliqué vendredi dernier, radio et télévision doivent respecter une égalité de temps de parole entre les 11 candidats du 1er tour.
Les spots de campagne sont diffusés à partir d’aujourd’hui. Sur Mayotte 1ère télévision ce sera à 12H45 - et à 19H50 après le journal en shimaoré et la météo. Chaque candidat a droit à 43 minutes avant le 1er tour : soit dix spots d’une minute trente et huit de trois minutes trente.
A la radio, cela a déjà commencé à 6H40 depuis ce matin.
 
Des règles strictes pour les affiches... 
 
Chaque candidat a le droit à deux affiches, l'une sur ses déclarations, l'autre pour annoncer les réunions électorales. La première doit être la même sur tout le territoire
Fini l'affichage sauvage : les affiches électorales vont pouvoir être apposées sur les panneaux mis en place par les mairies, dans un ordre strict tiré au sort. Ce ne sont plus les militants mais des sociétés d'affichage privée qui s'en chargent. 
 
Et enfin un cadre contraint pour la propagande :
 
 Avant le premier et le second tour, les candidats sont autorisés à envoyer aux électeurs un texte de propagande. La commission nationale de contrôle de la campagne diffusera des versions électroniques de ces textes. La publicité commerciale à des fins électorales est en revanche formellement interdite.