Economie de Mayotte en 2015 : Manque de visibilité qui pèse sur le développement (IEDOM)‏

DAOULAB ALI CHARIF, CHARGE D' ETUDES ECONOMIQUES A L' IEDOM
Attendue comme une année de transition active devant permettre aux acteurs économiques de s' adapter aux nombreux changements structurels en 2014
(statut européen de RUP,fiscalité de droit commun),2015 se caractérise au contraire par un manque de visibilité des acteurs économiques, indique l' IEDOM.
L' évolution de la conjoncture économique de Mayotte en 2015 a été marquée, selon les études de l’IEDOM, par un manque de visibilité et une forte incertitude sur l’activité des entreprises en général.
 
" Les entreprises ne savent pas trop où se placer et sur quel pied danser par rapport à ce qui se passe à Mayotte : un climat social qui perturbe pas mal
l' activité économique quoiqu'on en dise, le retard de mise en place des projets censés dynamiser l' action économique globale; projets prévus dans les fonds européens et dans le contrat Etat Région CPER et du coup, cela engendre des incertitudes auprès des acteurs économiques qui ne font plus confiance dans l' avenir économique de l' île.", explique DAOULAB ALI CHARIF, chargé d' études économiques à l' IEDOM.


 Retard dans la mise en oeuvre des programmes opérationnels

DAOULAB ALI CHARIF précise que le CPER, censé être mis en place durant la période 2015 - 2020, comprend plusieurs projets destinés à alimenter l’activité économique locale mais jusqu'à maintenant, il n’a toujours pas débuté. 
Il souligne aussi que les fonds européens 2014 - 2020 fonctionnent par programmes opérationnels. Ces programmes sont connus et les fonds qui leur sont destinés sont disponibles mais ont été très peu engagés aujourd'hui en 2016.
 
" On est à 1/3 de la période 2014 - 2020, on a perdu 2 ans sur les 6 années, pour l' instant, Mayotte ne bénéficie pas de ces programmes censés dynamiser l’activité économique locale comme c’était attendu au départ.", déplore DAOULAB ALI CHARIF.
 
Il a ajouté que l’Union Européenne attend que sur chaque programme opérationnel, le Département ait engagé 25% du programme opérationnel pour 2017. Aujourd'hui, Mayotte est sur des taux d’engagement qui sont encore en déca de ces 25%, il est à craindre, selon lui, un vrai risque de perdre ces fonds si ce taux de 25% n’est pas atteint à la date buttoir.


Une consommation des ménages dynamique qui porte l' activité économique 

DAOULAB ALI CHARIF a évoqué également la commande publique et la consommation privée des ménages, 2 moteurs essentiels de l’économie de Mayotte.
Il a indiqué qu’en 2015, l’IEDOM a constaté que les secteurs  dépendant de la commande publique (BTP, aquaculture...) ont été en grande difficulté.
Par contre, des secteurs comme le commerce tributaires de la consommation des ménages s’en sont bien sortis en 2015.
Par ailleurs, les importations ont augmenté en 2015 au point d’atteindre 500 millions d’euros.


2016, Année de relance de l' activité ? 

Au vu de tous ces constats, l’IEDOM perçoit 2 scénarios possibles pour 2016 :
 
Selon un premier scénario, l'activité des entreprises peut se relancer et bénéficier à l’économie locale.
"La consommation des ménages devrait maintenir un certain dynamisme et les investissements privés des entreprises appuyés par un financement bancaire dynamique devrait se concrétiser... Il faudrait à un moment ou un autre que les projets publics se mettent en place et profitent aux entreprises de la place. Ce sont des raisons de penser que l’activité économique peut se relancer.", estime DAOULAB ALI CHARIF.
 
Le second scénario fait redouter plusieurs risques notamment en ce qui concerne la faiblesse des finances des collectivités locales étant donné que la majorité des grands projets structurants de Mayotte doivent être portés par ces collectivités publiques.
" Si les finances ne se redressent pas, on se pose la question de savoir comment on va relancer la commande publique et qui va porter ces projets...et si on connaît toujours en 2016
 L’insécurité et le même climat social qu'en 2015, ce sera très compliqué.", fait remarquer DAOULAB ALI CHARIF.
 
Il conclut que des efforts considérables doivent être fournis et que les politiques doivent clarifier leurs priorités et leurs projets qui permettraient au secteur privé de se positionner sur quelque chose.

 EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU.

A LIRE AUSSI : 


La note de conjoncture annuelle de l' IEDOM de Mayotte est téléchargeable en cliquant sur le lien suivant : 

http://www.iedom.fr/mayotte/publications/les-notes-expresses/les-notes-expresses/les-notes-expresses-portrait/

La lettre mensuelle de l'IEDOM Mayotte
http://www.iedom.fr/mayotte/publications/la-lettre-de-l-iedom/