EDITO : Et si un Mahorais entrait au gouvernement ?

La page de l’élection présidentielle fermée à peine, la classe politique française s’est précipitée sur le fameux troisième tour, celui des élections législatives. Dans notre pays, l’exécutif est bicéphale. Il est composé du président de la République élu au suffrage universel direct, et du premier ministre qui est issu de la majorité à l’assemblée nationale.

Mayotte ne fait pas exception. Les candidatures pleuvent et certains sont déjà entrain de battre campagne. Et elle promet d’être particulièrement animée et intense au vu du nombre de prétendants et surtout de la poussée des représentants de la société civile. Nous reviendrons plus en profondeur sur ce thème dans une prochaine analyse. L’autre préoccupation du moment est le nom du premier ministre et ceux des principaux ministères. Celui des outremers, qui n’a pas toujours été un appendice accroché au ministère de l’intérieur ni un marchepied vers des responsabilités plus importantes, n’est pas le plus couru. Naguère ce ministère a connu de grands noms de la scène politique nationale; Pierre Mesmer, Bernard PONS et Louis Le Pensec. Aucun mahorais n’a en cet honneur. Seules La Guadeloupe avec Victorin LUREL et George Pau-Langevin, La Réunion avec Erika Bareigts et enfin Saint-Pierre et Miquelon avec Anick Girardin ont occupé le poste. Et pourtant Mayotte en a rêvé. L’on se souvient d’une folle rumeur qui parlait de la désignation du sénateur Thani Mohamed Soilihi dans le gouvernement Macron 2 en juillet 2020. Les avantages pour un territoire d’outremer français ne sont pas évidents : Gaston Monnerville, député de la Guyane de 1932 à 1940, a été sous-secrétaire d'État aux Colonies de 1937 à 1938, président du Conseil de la République de 1947 à 1958 et du Sénat de 1958 à 1968. La Guyane qui avait élu députée Christiane Taubira de 1993 à 2012, députée européenne de 1994 à 1999. Elle a aussi été candidate du Parti radical de gauche (PRG) à l'élection présidentielle de 2002. Et last but not least, Madame TAUBIRA a été Garde des Sceaux, ministre de la Justice de 2012 à 2016. Malgré la présence de ses illustres enfants à de tels postes de responsabilités politiques de l’Etat français, le département de La Guyane est un des plus pauvres de France, avec Mayotte. L’impact d’un membre du gouvernement sur le développement son département d’origine n’est pas évident. Par contre, il est assez important à ce qui concerne la notoriété. En ce qui concerne la nomination d’un originaire d’Outremer à la rue Oudinot, les mahorais ont vu à l’œuvre Marie-Luce Pencard durant la grande crise de 2011, les promesses de George PAU Lengevin et les projets de ravitaillement en eau d’Erika Bareight. Quant à Victorin Lurel, il aura été le ministre de la lutte contre la vie chère. Le résultat est pour le moins mitigé. De toutes les façons, il paraît que un de ses mantras était « Je ne suis pas le père Noël ». Et à ce niveau, les mahorais peuvent témoigner, il ne leur a pas fait de cadeau.

Ali Chamsudine