Le cadre est inhabituel : Emmanuel Macron devant un pupitre, avec en arrière-plan l’Airbus de la République Française dont les réacteurs sont déjà en train de tourner. Cela ressemble beaucoup à la manière des présidents américains qui ont l’habitude de prononcer des discours devant « Air Force One », mais en France c’est la première fois que l’on voit ça.
Ensuite le ton, dramatisant : « Parce qu’il en va de l’intérêt supérieur de la Nation, je veux aujourd’hui vous convaincre de donner dimanche une majorité solide au pays ». Le Président fait le lien entre la guerre en Ukraine, la situation de l’inflation en France et le risque du désordre si les Français ne faisaient pas le bon choix.
Emmanuel Macron s’est envolé ensuite pour visiter les 500 soldats français postés en Roumanie dans le cadre de l’OTAN. Il ira ensuite en Moldavie, pays allié, aux frontières de l’Ukraine.sa visite est prévue sur deux jours… Et l’Elysée laisse entendre qu’il n’est pas impossible qu’Emmanuel Macron se rende à Kiev.
Depuis le début de l’invasion russe, le Président ne s’est pas rendu en Ukraine, mais pour le moment c’est « à moitié top-secret ».
Panique dans la « Macronie »
Il semble que l’heure est grave, et que l’on s’en rend compte un peu tard dans les rangs de la majorité sortante. Les résultats du premier tour ne sont pas bons. Les perspectives du second tour sont encore pires. Chez les macronistes certains se sont montrés exagérément optimistes, tablant sur l’habitude française de donner une majorité confortable au président que l’on vient d’élire.
D’autres se montrent au contraire alarmistes sur les risques de devoir subir pendant 5 ans une opposition parlementaire nombreuse, décidée à en découdre, qui entravera les réformes voulues par Emmanuel Macron.
S’il n’y a pas de majorité absolue il va falloir guerroyer sans cesse, faire des concessions, négocier pour faire passer les réformes voulues, à commencer par celle des retraites. Le Président endosse en urgence le costume de chef de la majorité pour convaincre les Français, en leur faisant passer carrément le message que s’ils choisissent la NUPES, ce sera le chaos.
L’opposition raille cet appel
Jean-Luc Mélenchon lui-même s’est moqué de cette intervention, il dit « c’est un sketch à la Trump pour mettre en garde contre l’ennemi de l’intérieur ». « Le bateau coule et Macron prend l’avion » écrit le leader de la NUPES sur son blog, « pour lui ces élections étaient une formalité administrative…Mais c’est la débâcle ».
« En toute hypothèse, Macron n’aura pas la majorité absolue. Soit nous l’emportons soit il devra passer aux magouilles avec les Républicains ». On notera au passage que pour la première fois Mélenchon envisage ici l’éventualité de n’avoir pas lui-même la majorité.
De son côté Marine le Pen a profité de l’occasion pour rappeler qu’il y a 200 candidats du RN au second tour. En tous cas « L’appel d’Orly » a redonné un coup de fouet à la campagne électorale.