EWA est-elle réellement une compagnie aérienne mahoraise ?

EWA est-elle une compagnie aérienne mahoraise ?
La publication de l’exercice fiscal d' EWA a relancé des interrogations sur l' appartenance de cette société. Pour certains, elle n’est pas mahoraise, elle est constituée par des capitaux d'Air Austral et donc des capitaux réunionnais.
Ayub INGAR, Directeur Général Délégué d’EWA répond aux questions de Tusevo Emmanuel sur cette polémique.
 
Emmanuel Tusevo : Monsieur Ayub INGAR, que répondez-vous à ceux qui disent que la compagnie aérienne EWA n'a rien de mahorais puisque c’est dominé par des capitaux d’Air Austral. Pour eux, à travers Air Austral, EWA est dominée par La Réunion ?

Ayub INGAR :
Je vais tordre le cou à ces genres de bruits qui circulent. EWA est bien une compagnie mahoraise basée à Mayotte, avec du personnel à majorité - quand on a la qualification - du personnel mahorais. Pour vous donner un exemple, l’ensemble de notre personnel naviguant, commercial est 100% mahorais. Tant qu’on trouve des agents qualifiés, bien sûr nous avons aussi un pilote mahorais, malheureusement, il n'yen a pas beaucoup sur le marché, donc nous créons de l’emploi local, nous avons quand même deux mécaniciens qui sont mahorais et l’ensemble du personnel administratif est mahorais. Donc, ça prouve que c'est bien une compagnie mahoraise.
Maintenant, concernant le capital :
Effectivement, il y a 50% du capital qui est à Air Austral et les autres 50% sont quand même mahorais. Vous y retrouvez la CCIM, la chambre de commerce et d' industrie de Mayotte et un holding financier qui s’appelle Ylang Invest qui est bien mahorais. Donc, ça arrange certaines personnes d’associer EWA à Air Austral mais ceci étant, nous avons une gestion autonome, nous rendons des comptes au conseil d’administration en fin d’année et l’ensemble des actionnaires sont présents à notre conseil d’administration.

Bilan annuel de l'exercice fiscal

Comme toute entreprise, nous sommes soumis à publier un bilan tous les ans. Donc, c'est notre bilan annuel. Chez les transporteurs aériens, l'exercice fiscal d’une compagnie aérienne part du 1 avril au 31 mars de l’année IATA The International Air Transport Air... Association Internationale de Transport Aérien.
Pour la deuxième année consécutive, nous sortons un résultat positif, ce qui est quand même un espoir pour une compagnie qui démarre, une petite compagnie comme nous. On a respecté notre Business Plan qu’on avait élaboré à la création d’EWA. La création d’EWA, c'était en octobre 2013, donc ça nous fait 3 années et demie d’existence. Deux années de suite, on sort un résultat positif et on a publié notre bilan.
 

Quels sont les chiffres qui illustrent ce bilan positif ?

Nous sortons avec 240.000 euros de bénéfices nets qui représentent plus de 33% de chiffres d’affaires, un résultat dû au sérieux de l’ensemble du personnel de la compagnie, à la confiance de nos clients qui nous font confiance malgré une concurrence accrue. Nous n’avons pas une situation de monopole.

On est en osmose avec notre clientèle, avec nos passagers.

Maintenant, notre objectif, c'est de consolider notre position dans le Canal de Mozambique. Nous profitons beaucoup du long courrier qui arrive, l’objectif, c'est de renforcer le hub à Mayotte, le hub c'est tous les longs courriers qui arrivent, il y a 2 à 3 compagnies qui arrivent de l’Europe qui arrivent à Mayotte et à nous de récupérer ces clients pour les dispatcher sur la zone. Si je prends le cas des Mahorais, avant pour aller en métropole ils étaient obligés de passer par La Réunion.
Aujourd'hui, ils ne sont plus obligés parce qu'il y a 4 vols directs qui font Mayotte - Paris. Mais là dedans, vous avez des passagers sur nos lignes, sur nos destinations.
Pour eux, c'est avantageux de s’arrêter ici, ça leur fait gagner à peu près 7 à 8 heures de vol dans la zone quand ils veulent rentrer chez eux. Donc, nous dispatchons les passagers aussi bien sur Les Comores, sur Madagascar, dans le Canal de Mozambique.

EWA répond à une grosse attente des Mahorais

Jusqu'à présent, il n'y avait aucune compagnie mahoraise pour desservir la zone. Il n’y avait que des compagnies étrangères qui étaient basées à Mayotte. Maintenant, les Mahorais ont leur compagnie. Il faut donner le temps au temps pour pouvoir développer, disons nous avons pris notre envol mais nous n’avons pas encore atteint notre vitesse de croisière. Nous sommes en plein essor, il y a encore beaucoup de choses à faire mais on fera au fur et à mesure. Actuellement, nous avons un effectif de 35 personnes en direct et si je regarde l’effet induit, en injectant dans l’économie locale, EWA fait vivre près de 100 foyers. Nous apportons notre pierre à l’économie locale, à la desserte aérienne de la zone Canal de Mozambique.

Les dessertes d' EWA

Il y a des passagers qui viennent de La Réunion, de métropole qui sont en transit à Mayotte et ça renforce aussi le hub de Mayotte.
Aujourd'hui, nous sommes sur un réseau de 7 destinations :
4 destinations sur Madagascar à Tana, Diego, Nosy Be et Majunga
2 destinations sur Les Comores à Moroni et Anjouan
1 destination sur Dar-es-Salam.

PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU