Après la visite du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à Mayotte, les forces vives mobilisées sur les barrages attendent du gouvernement un document écrit recensant ses engagements pour décider de la suite du mouvement. A Mamoudzou, de nombreux habitants espèrent une sortie de crise et une fin des blocages. Dans plusieurs quartiers, les ordures s'accumulent faute de ramassage. "C'est très difficile pour nous, il y a beaucoup d'odeurs nauséabondes", décrit un riverain près d'un monticule. "C'est le prix à payer pour le bien de notre île."
"On n'en peut plus des paroles"
Normalement animée et pleine de monde, la rue du commerce est presque déserte. "Ça rappelle un peu le confinement", ajoute une passante. "D'habitude, il y a beaucoup de vie, de bruits, il y a des odeurs, du monde, on a envie de rentrer dans les commerces." Un constat partagé par le responsable du magasin de meubles May Home Design. "Heureusement qu'on a un site en ligne où les clients réussissent à commander et sont patients pour se faire livrer", explique Zishane Mahamodraza. "On est à 100% avec la population, mais forcément il y a un impact économique, on a des charges fixes qui sont énormes."
Comme les barragistes, les habitants ne sont pas tous forcément convaincus par les annonces du ministre. "Actuellement, c'est difficile d'aller chercher du travail, de se déplacer sur l'île à cause des questions d'insécurité", explique un jeune de Pamandzi. "C'est surtout ça le plus gros problème à Mayotte." Un autre jeune abonde : "on n'en peut plus des paroles, on veut des actes, j'espère que cette fois, il va vraiment agir."
Un besoin d'aides pour les entreprises
De son côté, la présidente du Médef à Mayotte "comprend les doléances", mais juge "angoissant, inquiétant" la perspective de la poursuite du mouvement de blocage. "J'espère qu'il n'y aura pas de mauvaises surprises ni au niveau du courrier, ni au niveau de la levée des barrages", précise Carla Baltus. "On va avoir besoin de beaucoup d'accompagnements pour permettre le réveil de nos entreprises."
La représentante du patronat a eu l'occasion de s'entretenir avec le ministre de l'Intérieur et la ministre des Outre-Mer. "On a une posture positive, mais on attend aussi", poursuit-elle. "L'année 2023 a été pire que l'année Covid, car on avait beaucoup de soutiens. Là il va falloir qu'on aille batailler pour avoir un fonds de solidarité, on espère qu'il sera à la hauteur de ces semaines de barrages."