Pour éviter la saturation, la Cadema a décidé de réserver ses navettes aux salariés depuis le 2 septembre. Une mesure discriminatoire pour Mohamed Hamissi, directeur notamment de la mobilité à la communauté de communes de Petite-Terre. "C'est illégal, dans la mesure où on prive une catégorie de la population de ces navettes, alors qu'elles doivent garantir le droit au transport sur l'ensemble du territoire de la Cadema", explique le lauréat 2022 du prix Talents européens de la mobilité, pour son implication dans le projet Caribus.
Les alternatives à la voiture
"Si l'offre ne répond pas à la demande, il faut augmenter l'offre, ce qui suppose plus de bus en circulation et donc plus de problématiques d'embouteillages que nous connaissons actuellement", poursuit l'expert. "C'est tout une stratégie qu'il faut déployer à l'échelle départementale, et pas seulement à l'échelle de la Cadema."
Outre une stratégie concertée, il faut également "éviter de tomber dans le piège" selon l'expert : "tout le monde attend des autoroutes, des boulevards, mais je ne pense pas que ces infrastructures vont diminuer les embouteillages." Il faut alors miser sur les alternatives à la voiture : les transports maritimes, interurbains ou encore les taxis collectifs. "Il faut penser aussi à l'aménagement du territoire et à l'équilibrage des activités économiques", ajoute Mohamed Hamissi.
Le projet Caribus
"On ne peut pas demander aux Mahorais de ne pas acheter de voiture et d'attendre que ces projets voient le jour", poursuit-il. Le projet Caribus a notamment pris du retard, en partie à cause de l'annulation du marché publique, mais aussi du chantier. "Il y a toute la zone nord qui n'a pas encore réellement démarré, il aurait fallu peut-être suivre la feuille de route arrêtée en 2019-2020 et prévoir une mise en service progressive", explique celui qui a contribué à l'élaboration de cette feuille de route.
Interrogé sur la dangerosité des routes, après les nombreux accidents mortels depuis le début de l'année, l'expert ne paraît pas surpris. "On parle de ces problématiques quand il y a des accidents, des embouteillages, mais le sujet n'est pas suffisamment porté. Ça fait 30 ans qu'on parle de l'état du réseau à Mayotte, de l'urgence de développer les transports en commun, de penser au rééquilibrage territorial", se désole Mohamed Hamissi. "On a laissé pourrir la situation jusqu'à aujourd'hui."