"Ils étaient venus pour se faire du flic" clame à la barre le policier agressé, vendredi, à Bandrélé

Le procès en comparution immédiate se tenait ce lundi. Les prévenus, c'est leur droit, ont demandé un délai pour être jugés. Le procès se tiendra le 19 novembre prochain.

Jean-Pierre Cadière est là, assis sur une chaise, avec deux de ses hommes et deux gendarmes à ses côtés, à attendre le début du procès. Le chef de la police intercommunale de l'environnement de la communauté des communes du Sud de Mayotte a un hématome monstrueux à l'oeil gauche. ll souffre de multiples fractures au visage et doit être evasané vers La Réunion dans les prochains jours. "Je ne sais pas ce que je vais récupérer" dit-il à la barre. 

 

L'audience est expéditive puisque les deux prévenus, âgés de 21 ans, ont demandé un délai pour être jugé. Leur procès se tiendra donc le 19 novembre. Le premier habite à Bandrélé. C'est lui qui a agressé deux jeunes filles dans le village, vendredi en fin d'après-midi. Connu de la justice, il a déjà été condamné à trois reprises depuis mars 2019 pour des faits similaires. Il avait notamment écopé en juillet 2020 d'une peine de 6 mois de prison ferme pour vol aggravé.

C'est lors de son interpellation, jugée comme "lambda" par les policiers, que la situation a dégénéré. Cinq individus s'en prennent "de façon extrêmement violente et gratuite" sur les deux fonctionnaires présents. Ils étaient "venus pour se faire du flic ou du gendarme" témoigne Jean Pierre Cadière. L'un d'entre eux frappe le policier à l'aide d'une sacoche lestée, l'obligeant à faire usage de son arme de service "pour la première fois" de sa carrière, alors que son  agresseur tente de le frapper de nouveau. "J'ai peut être eu le bon réflexe" analyse-t-il, laissant penser que l'issue aurait pu être dramatique. Le coup de feu met en fuite les individus qui s'en prendront au véhicule de service des policiers. L'un des deux prévenus sera interpellé dimanche, à Labattoir, par le GIGN. Un troisième interpellé, mineur, n'était pas présent, ce lundi après-midi, à l'audience. 

 

Placement en détention provisoire pour les deux prévenus

La juge d'instruction a décidé de suivre les réquisitions du parquet. Les deux prévenus sont placés en détention provisoire jusqu'au procès, le 19 novembre prochain. Le tribunal jugeant qu'il y avait une absence de garantie de leur représentation le jour du procès malgré le fait qu' "ils soient de nationalité française et résidant à Mayotte", avait argumenté l'avocat de la défense, maître Zoubert. Le tribunal a également pris en compte le risque de récidive des deux prévenus d'ici le procès alors que le parquet "craignait des repressailles sur la victime car c'est en sa qualité de policier qu'elle était visée".

"Je suis le hasard, ça aurait pu être un collègue gendarme ou policier, c'est un policier intercommunal. Mayotte va mal, mais ce qu'il y a de pire c'est qu'on arrive à avoir des personnes qui viennent se mêler du travail de la police en étant des agresseurs pour tuer du flic. Au secours, aidez la police, aidez la gendarmerie. Je suis un des fonctionnaire et militaires qui a été agressé, il y en aura d'autres, c'est inadmissible, ça ne devrait pas exister, il faut réagir et remettre dans la République ce territoire qui le mérite. Les Mahorais sont des personnes admirables et sont en train de subir trop."

Jean Pierre Cadière à l'issue de l'audience

 

Jean-Pierre Cadière était accompagné à l'audience par deux de ses hommes et deux gendarmes. Son supérieur hierachique, le président de l'interco des communes du Sud, Ali Moussa Moussa Ben était absent à l'audience. Il était "pris par un autre évenement", l'inauguration des ateliers et chantiers d'insertion à Kani Kéli. La Communauté des communes du Sud n'avait pas prévu d'avocat pour son employé.