Jacqueline Ahmed, de la chanson à la couture, deux mêmes passions.

Rencontre avec une artiste aussi modeste que talentueuse. Sa voix est connue dans l’île. Chanteuse vedette du groupe de mbiwi, Chokchokou nambawane de Chiconi, Jacqueline est également couturière. Écrire des chansons ou confectionner des vêtements, deux manifestations de son talent.
Jacqueline, c’est d’abord une certaine modestie. Très introvertie, elle a du mal à parler d’elle et de ses créations. Pourtant, c’est une créatrice. Chanteuse et parolière de mbiwi confirmée, elle reste dans cet univers féminin et vend des salouvas, des bodys et des hauts pour salouvas, qu’elle coud elle-même.
C’est dans une des pièces de sa maison, qu’elle s’est installée. Jacqueline Ahmed est une couturière passionnée.

Âgée de 39 ans, cette mère de quatre enfants s’adonne à sa passion depuis 2013, après s’être essayée au commerce « mais ça ne marchait » concède-t-elle. Mais ça n’est pas parce que la vente des prêts-à-porter ne marche pas, que la création vestimentaire ne marchera pas. C’est alors qu’elle s’est lancée dans la couture. Il faut dire qu’elle avait déjà des prédispositions puisque:

"En 2001, j’étais partie en France pour faire une école de stylisme mais je n’avais pas eu une école publique pour ça", regrette celle qui auparavant avait subi une formation en BEP métier de la mode, à l’île de La Réunion.


Elle avait donc des armes et des prédispositions pour se lancer dans la création malgré « un manque de confiance » en soi qu’elle reconnait elle-même.

"Des fois, j’ai du mal à croire que je vais arriver à réaliser ce que mes clientes veulent, pourtant j’y arrive "en sourie-t-elle.

 
Et elle y arrive bien, sa clientèle, est essentiellement féminine. Elle afflue de toute l’île. Jacqueline vend des salouvas et des satins qu’elle achète à Dubai. Des satins aux couleurs multiples, pour aller avec n’importe quel salouva. Les clientes n’ont pas à aller chercher ailleurs, Jacqueline se charge de prendre les mesures et de coudre. Les hauts en satin restent le produit le plus prisé des femmes. Jacqueline évolue avec le désir de ses clientes: « maintenant, je fais aussi du wax » dit-elle. Effectivement, dans son petit atelier, des robes en wax sont exposées.

La période faste pour elle est évidemment, la saison des mariages, et cette année, la crise sanitaire n’arrange pas les affaires.

« Juin, juillet, août et décembre, ce sont mes meilleurs mois » confie Jacqueline, qui arrive à vivre de son métier.


Heureusement, pour son entreprise, actuellement, elle confectionne des masques avec la styliste Moinecha Hariti.
Être à son compte a des avantages et des inconvénients. Cette mère de famille gère elle-même son emploi du temps et peut se permettre d’aller d’abord s’occuper de ses enfants puis reprendre le travail. Mais pour elle, ce fonctionnement est également handicapant:

« parce que je peux travailler de 21h jusqu’à 3h du matin ».  À cause de ses horaires, bien loin des horaires normaux, elle souhaiterait avoir un local loin de sa maison, « comme ça j’aurais des horaires de travail et des horaires pour ma famille » imagine-t-elle. 

 

Mais, l’absence de local n’enlève rien à son inspiration et à ses créations, « pour créer, il faut être bien dans sa tête. Il faut être posé, c’est comme pour la musique». Et quelle fierté ressent-elle, une fois l’oeuvre finie?

« Ma plus grande fierté reste la confection d’une robe de mariée, je n’aurais pas pensé y arriver ».

Si les clientes de cette couturière viennent de toute l’île, pourtant, elle n’en a jamais fait aucune publicité, « c’est le bouche à oreille ». Et malgré les difficultés qu’elle dit rencontrer parfois, la passion, la fait tenir.