L’indexation est une vieille histoire qui remonte aux années 50 quand il fallait tout faire pour attirer des fonctionnaires vers ces outremers lointains aux conditions de vie rustiques : pas de routes, le paludisme, peu de médecins, peu d’écoles… Aujourd’hui l’outremer n’est plus la brousse, mais l’indexation est toujours là : de 40 à 53% de salaire en plus selon les endroits. Il y a des avantages qui ont quand même disparu comme les congés administratifs. Jusque dans les années 70 les fonctionnaires métropolitains, outre leur salaire surélevé, avaient droit à 4 mois de congés tous les deux ans, en plus des congés normaux. Voyage payé et temps de voyage non compris. Ceux qui prenaient le bateau avaient donc 6 mois au frais de la princesse… c’est-à-dire les contribuables français
Le débat revient par vagues, venues de toutes les directions
En général c’est lors des élections que le problème est posé, mais pas toujours : En 1989, le premier ministre socialiste Michel Rocard décide de frapper un grand coup. Il n’y a pas d’élection en vue quand sort le « rapport Ripert » qui préconise de supprimer l’indexation, en commençant par couper déjà 25%. Panique à bord, la levée de boucliers est immédiate. Le rapport sera enterré. Plus récemment en 2016, cette fois les Républicains inscrivent dans leur programme la suppression de l’indexation pour faire économiser 400 millions d’euros à l’Etat. La gauche s’insurge. Même les candidats à la primaire des Républicains refusent d’endosser cette proposition et l’enterrent. Le vainqueur de 2017, Emmanuel Macron, assurera qu’il n’y touchera pas
Marine le Pen y songe, mais après avoir rendu la vie moins chère
Lors du grand débat avec les maires d’outremer en janvier 2019, le président Emmanuel Macron a critiqué ce système qui « rend la vie chère pour ceux qui n’ont pas la surrémunération ». Mais il n’y a pas touché. Aujourd’hui candidat à sa réélection, Emmanuel Macron ne s’engage pas sur ce terrain glissant. Les autres candidats ignorent ou évitent le sujet. Seule Marine le Pen l’aborde très prudemment dans son programme contre la vie chère outremer : ce serait « dans un deuxième temps », après avoir créé les conditions « en supprimant l’octroi de mer ». L’indexation a encore de beaux jours devant elle ; même si c’est un système injuste vis-à-vis des salariés du privé. L’économie des outremers repose sur cette injustice.