l'Union des Comores dénonce « Une violation du secret médical et professionnel »

Souef el Amine
Le patron de la diplomatie comorienne, Souef Mohamed El-Amine s’en est pris à la directrice de l’ARS, Dominique Voynet qui a annoncé que le Grand Mufti des Comores est mort des suites du Covid-19. Ce qui constitue pour le ministre, « une violation du secret médical ». 
Semaine compliquée pour l’Union des Comores. Alors que celle-ci n’a officiellement pas détecté de cas officiel de Covid 19, la directrice de l’Agence Régionale de la Santé, Dominique Voynet a annoncé ce 16 avril au cours d’une audioconférence que le Grand Mufti, décédé le 08 avril dernier, est mort des suites de la maladie. Elle, s’est pour avancer cela, servie du cliché des poumons de la haute autorité religieuse reçu par un radiologue de Mamoudzou.  Cette information a suscité un tollé monstre sur les réseaux sociaux.  

Il y a eu violation du secret médical et professionnel


Et du côté des autorités comoriennes, la colère ne retombe pas. Le ministre des affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine s’est exprimé à la télévision nationale comorienne dans la soirée d’hier.  « Mme Voynet, ancienne ministre et médecin a failli à sa mission, car il y a eu violation du secret médical, du secret professionnel et de la vie privée, ce qui risque de causer des troubles dans nos sociétés ; les autorités de Mayotte sont tombées vraiment bas ». Le patron de la diplomatie comorienne l’a en outre accusée d’ingérence. « Si un cas se confirmait aux Comores, ce n’est pas à Dominique Voynet de l’annoncer, nous sommes indépendants depuis le 06 juillet 1975 », devait-il marteler. 

Quant au médecin particulier du défunt Mufti, Manssour Abdou Ada, il s’est fendu d’un post sur le réseau social Facebook hier dans la soirée. « Je me réserve le droit de démentir les informations publiées sur la cause de son décès, lesquelles ne sont qu’un tissu de mensonges et une désinformation pour des raisons que j’ignore », a-t-il notamment écrit. 
 

Les autorités françaises ont été inélégantes 

La crispation sur fond de cas de Covid-19 entre la France et les Comores ne date pas d’hier mais a commencé plus tôt dans la semaine. En effet, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a de fait, annoncé un cas importé des Comores parmi la soixantaine de ressortissants français rapatriés de Moroni vers Mayotte le 13 avril.  

Suite à cette information, les autorités comoriennes ont fustigé l’inélégance des autorités françaises dans un communiqué publié le même jour. « L’Union des Comores déplore l’inélégance des autorités françaises. En dépit des bonnes relations entre les deux pays et la politique prônée par la réseau SEGA de la Coi imposant à tout pays l’obligation d’informer les autres membres d’une manière officielle de tout cas déclaré sur son territoire, la France ne l’a pas faite (sic) ». Le même communiqué a également précisé « qu’aucun cas n’était encore confirmé par le sous-comité scientifique ». 

Jean-François Colombet a également fait part de sa crainte de voir affluer des comoriens à Mayotte alors les centres hospitaliers de l’île sont déjà sous tension. Pour Souef Mohamed El-Amine qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse ce jeudi, « le préfet de Mayotte a besoin de crédit additionnel et il veut utiliser les Comores, en parlant de deux cas, trois cas, mais ce n’est pas le moment », devait-il fustiger. 

Les Comores font partie des rares territoires à ne pas avoir enregistré officiellement de cas de Covid-19. Il faut en outre noter que le pays est dépourvu de tests de dépistage.