La démocratie se mesure au « temps de parole »

Le temps de parole
La campagne officielle des législatives commence aujourd’hui. Les mairies mettent en place les panneaux d’affichage, les spots officiels reviennent à la télé. Jusqu’au vendredi 10 juin à minuit, avant-veille du scrutin, il faudra veiller à ce qu’aucun candidat ne soit oublié dans les médias audiovisuels.

On ne trouvera malheureusement jamais un moyen d’évaluer le poids des mots, c’est dommage. Alors on mesure le temps que prennent les hommes politiques pour les dire : le « temps de parole ».

Pourtant, un argument bien affûté, une « punchline » comme on dit dans notre  franglais d’aujourd’hui, a plus de poids qu’un long discours en langue de bois, mais c’est ainsi. Les rédacteurs en chef des radios et télés ont la tâche pénible, fastidieuse,  de rendre compte de ces temps de parole auprès de l’ARCOM, Autorité de Régulation de la Communication audiovisuelle et numérique.  Cet organisme a succédé cette année au CSA en tant que gendarme des médias, garant du pluralisme de l’information.

L’ARCOM exige un relevé des temps de parole. Cela ne se fait pas seulement en période électorale, c’est chaque mois, toute l’année, mais à l’approche du scrutin la surveillance se renforce, elle devient quotidienne et il faut équilibrer au jour le jour.

Pour les législatives, on doit respecter l’équité entre des candidats

Pendant la phase finale de la campagne officielle pour la présidentielle, la règle était simple : tous les candidats avaient un accès égal aux radios et télévisions. Pour les législatives, une plus grande liberté, mais aussi responsabilité, est laissée aux  médias. Ils doivent apprécier la représentativité des candidats et leur donner un accès équitable au micro.

Il ne faut léser personne, mais un député sortant a évidemment plus de poids qu’un nouveau venu.  Le cas échéant on tient compte pour le candidat de la représentation de son parti à l’Assemblée Nationale, éventuellement des sondages s’il y en a, et de la participation active ou non de ce candidat au débat politique tout au long de l’année.

L’équité c’est respecter le pluralisme. Dans les stations régionales ou locales comme ici à Mayotte, on pratique souvent l’égalité pour simplifier les choses et éviter les contestations.

La gauche nettement avantagée dans les médias nationaux

L’ARCOM a constaté, sur le plan national, que jusqu’à présent la NUPES, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, autour de Jean-Luc Mélenchon accapare le temps d’antenne. Pour la première quinzaine de la campagne pour les élections législatives, le temps de parole consacré à des candidats de La France insoumise ou à leurs soutiens est très largement supérieur à tous les autres : plus de 18 heures au total.

En comparaison, les deux partis arrivés au second tour de l'élection présidentielle sont nettement en dessous, avec 5 heures et 38 minutes pour Renaissance, et 7 heures et 39 minutes pour le Rassemblement national. L’ARCOM a donc envoyé un avertissement : il faut équilibrer.