La grande incertitude

La grande incertitude des élections
Ce vendredi est le dernier jour d’un très long marathon électoral qui nous a mené de la campagne présidentielle, au début de l’année, jusqu’au deuxième tour des législatives ce dimanche 19 juin. Dans trois jours les Français sauront par qui, et comment ils seront gouvernés. Il y a un véritable suspense.

La France a reconduit Emmanuel Macron à la présidence de la République. Mais bien malin est celui qui saura dire quels seront les députés majoritaires à l’Assemblée. Pour l’heure nous n’avons que des sondages, des estimations, qui nous laissent dans le flou.

Les projections en sièges ne savent pas nous dire de manière sûre si le parti présidentiel  (La République en Marche, la Renaissance, Ensemble… on s’y perd un peu) aura une majorité absolue, une majorité relative, ou pas de majorité du tout. Tout est possible. Il y a eu plus 52% d’abstention au 1er tour, mais la campagne a été intense ces derniers jours.

Si un plus grand nombre d’électeurs venaient à se manifester, on ne sait vraiment pas vers quel côté cela pourrait pencher. Les électeurs sont-ils tentés de donner les moyens au Président de gouverner librement ? Ou bien sont-ils attirés par les promesses de la NUPES de Jean-Luc Mélenchon ? Dans une telle éventualité, nous aurions une cohabitation. La situation la plus rêvée par Jean-Luc Mélenchon, et la plus redoutée par Emmanuel Macron.

La cohabitation, la France l’a déjà expérimentée trois fois.

Dans le mot cohabitation il y a l’idée simple que deux personnes habitent dans la même maison. Cela peut bien ou mal se passer. Nous avons eu trois cohabitations sous la 5ème République.

La première en 1986 alors que le président socialiste François Mitterrand était au pouvoir depuis 5 ans. La droite a gagné les législatives. Mitterrand n’a eu d’autre choix que de nommer Jacques Chirac 1er ministre.

L’ambiance était glaciale entre les deux hommes, mais le pays a été, bon an mal an, gouverné. Le même scénario s’est reproduit en 1993, avec Edouard Balladur 1er ministre.

Enfin en 1997, Jacques Chirac président a perdu le pari de dissoudre le parlement pour renforcer sa majorité et s’est retrouvé avec le socialiste Lionel Jospin comme premier ministre. Dans ces trois cas, il y avait des divergences sur la politique économique et sociale. En revanche tous ces dirigeants avaient les mêmes objectifs  sur l’équilibre du budget et surtout la construction européenne. Entre Macron et Mélenchon ce n’est pas du tout le cas. On peut donc prédire qu’une telle cohabitation ne tiendrait pas longtemps.

Le pays se retrouverait en crise. Comment en sortir ?

Le Président de la République a deux possibilités. Il peut dissoudre le parlement et convoquer de nouvelles législatives. Ce serait un pari immensément risqué car il risquerait de se retrouver avec la même majorité hostile, et c’est « un fusil à un coup ».

Il lui faudrait attendre au moins un an avant de pouvoir recommencer. L’autre possibilité, c’est de démissionner et convoquer de nouvelles élections présidentielles. On est là dans la politique fiction. Il est plus vraisemblable que le résultat de cette législative donne une majorité relative au Président.

Pour gouverner il faudrait faire des concessions, négocier avec des adversaires, voire créer une coalition. Quelques pays savent faire cela, l’Allemagne notamment. Cette manière de gouverner n’est pas une tradition française, mais ça pourrait le devenir.