Aujourd’hui, 20 ans après sa première tentative, Christiane Taubira n’a pas réussi à réunir suffisamment de parrainages pour se présenter. Son succès à l’investiture de la « primaire populaire » sur internet ne s’est pas confirmé dans les bureaux des maires et autres élus de France.
Elle a été contrainte de jeter l’éponge après avoir recueilli seulement 181 signatures sur les 500 exigées. Lors du scrutin de 2002, Christiane Taubira avait pu se présenter, investie par le Parti Radical de Gauche et avait recueilli 2,3% des voix. Ce fut « l’année terrible » où, à la surprise générale, le socialiste Lionel Jospin fut éliminé au profit de Jean-Marie le Pen. Le chef du Front National s’était retrouvé face à Jacques Chirac au deuxième tour.
Lionel Jospin avait attribué sa défaite à la candidature de Christiane Taubira qui avait divisé les voix de gauche. Il a gardé une rancune tenace à son encontre. Il ne lui a plus jamais adressé la parole. D’autres leaders socialistes lui ont pardonné plus tard, à l’instar de François Hollande qui l’a nommée ministre de la justice en 2012. La candidature de Christiane Taubira en 2002 lui avait valu un franc succès chez elle où elle avait recueilli 52,7% des votes guyanais au premier tour.
"Laisse causer band'sondeurs, gros poissons y bec toujours sur le tard ! "
(Raymond Barre cité par « Le Monde »- 19 avril 1988)
On ne peut pas en dire autant de l’ancien premier ministre Raymond Barre décédé en 2007. Le Réunionnais avait obtenu 24,5% au premier tour de 1988 à la Réunion… deux fois moins que François Mitterrand.
A Mayotte, son succès avait été nettement plus franc, 55% ; non pas en sa qualité de Réunionnais, mais parce que les élus MPM de Mayotte étaient affiliés à l’UDF en France métropolitaine. Seul premier ministre originaire d’outremer, Raymond Barre, bien que né à Saint-Denis, n’a pas été perçu comme Réunionnais. Il ne jouait pas cette carte. Quand il était venu en campagne à la Réunion, cela faisait cinq ans qu’il n’y avait pas mis les pieds, pas même pour voir sa famille.
On retiendra toutefois une petite phrase, qui avait fait d’ailleurs un titre en créole dans le journal le Monde: " Laisse causer band'sondeurs, gros poissons y bec toujours sur le tard ! "