Près d'un mois après la rentrée scolaire, certains parents mahorais ne sont toujours pas parvenus à faire scolariser leurs enfants à La Réunion. Une mère de deux enfants français de cinq et dix ans a fini par saisir le tribunal administratif et le Défenseur des droits, lassée de devoir attendre la réponse de la mairie de Saint-Denis. La députée Estelle Youssouffa est allée plus loin ce mercredi 12 février à l'Assemblée nationale, affirmant qu'il y a une "décision coordonnée des élus réunionnais de refuser d'inscrire les enfants français de Mayotte à La Réunion."
La municipalité de Saint-Denis se défend de cette accusation, elle explique scolariser sans difficulté les élèves dont au moins un parent réside dans la commune. Pour les autres, des enquêtes sociales sont menées. "Garantir les intérêts et la sécurité de l'enfant prime", explique Johnny Dennemont, le directeur général adjoint des services de la mairie. "Il y a une évaluation sociale pour voir les conditions d'hébergement de l'enfant, on veut qu'ils aient un parcours scolaire sécurisé."
"Ça va s'accélérer"
"On a travaillé d'arrache-pied avec le rectorat pour nous détacher une assistante sociale, comme on n'a pas cette compétence en interne", poursuit-il. "On traite les demandes au fur et à mesure qu'on a les résultats des enquêtes sociales." Cette procédure prend en revanche du temps, une quarantaine d'enfants ont été scolarisés selon le directeur adjoint. Le rectorat de La Réunion faisait en revanche état d'au moins 107 demandes d'inscription d'élèves mahorais dans le premier degré à Saint-Denis.
Trois enfants ont par exemple été scolarisés cette semaine. "Ça va s'accélérer", assure Johnny Dennemont. "On va voir avec le rectorat pour augmenter nos capacités d'enquête sociale." Il se défend d'une mauvaise volonté. "Les 35 premiers inscrits ont été reçus par la maire pour leur remettre leur certificat de scolarité", ajoute-t-il. Cette vérification n'étant pas obligatoire pour des enfants français, ces parents la vivent, et les délais qu'elle entraîne, comme une discrimination. "Ils peuvent le percevoir ainsi, ce qui prime, c'est d'accueillir les enfants dans les meilleures conditions", résume le directeur général adjoint des services.