Le casse-tête de la lutte contre l’inflation

La lutte contre l’inflation
Le pouvoir d’achat était le sujet principal de la campagne présidentielle. Il demeure le thème des législatives en France. C’est aussi la priorité du nouveau gouvernement. Un projet de loi sera présenté avant les élections. Cela commencera par une augmentation générale des salaires des fonctionnaires

Le gouvernement entame ce chantier par la méthode la plus simple : augmenter la valeur du point d’indice, c’est-à-dire la base de calcul des rémunérations de la fonction publique. Cela avait déjà été annoncé il y a plusieurs mois, avant même que la guerre en Ukraine n’aggrave cette inflation qui tombe sur la France aujourd’hui. C’est simple, mais c’est cher : 1% d’augmentation du point d’indice coûte au total 3 milliards de d’euros au budget de l’Etat.

Les syndicats de fonctionnaires ne se contenteront pas d’un pourcent. Ce serait une bien maigre compensation face aux 5%, en moyenne, d’augmentation des prix constatés en ce moment. Ce n’est qu’une moyenne.

Certains produits augmentent beaucoup plus que cela : les carburants, les pâtes, la farine, l’huile, les matériaux de construction… pour ne citer qu’eux.

Certains usagers ne font jamais le plein de carburant

Des promesses mirifiques au principe de réalité

La campagne présidentielle a été une foire aux promesses, plus ou moins réalisables. Anne Hidalgo annonçait dans un premier temps le doublement des salaires des enseignants avant de temporiser à 3%, Jean-Luc Mélenchon 10%, Fabien Roussel 30%... Aujourd’hui le réalisme s’impose.

La « NUPES », nouvelle union de la gauche autour de Mélenchon reste sur un engagement d’augmentation de 10% si elle emporte la majorité à l’Assemblée. Du côté des syndicats, la CGT reste sur une revendication de 10%, avec 10% d’effectifs en plus, et 10% de temps de travail en moins. La CFDT se cale sur 3% au moins, assortis d’un rattrapage, une rétroactivité,  au 1er janvier 2022. Quoiqu’il en soit, il y aura revalorisation.

La première ministre Elisabeth Borne l’a confirmé. En outremer le problème se pose différemment puisque les fonctionnaires sont déjà mieux payés grâce à l’indexation, au détriment du privé.

Elisabeth Borne, Première ministre.

Mais il n’y a pas que les fonctionnaires. L’inflation touche tous les revenus modestes

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le montant brut du Smic est de 1 766,92 euros et de 1 398,70 euros pour le montant net.

Dans le privé, l’affaire se complique. On ne peut pas imposer des augmentations de salaires, notamment du SMIC, à toutes les entreprises privées. Beaucoup de petits commerçants ou artisans n’ont pas les moyens d’augmenter leurs salariés. Par exemple les PME du bâtiment doivent faire face aux augmentations des prix des matériaux de construction.

S’ils augmentent leurs employés, ils devront augmenter leurs prix. Cela va aggraver l’inflation, et ainsi de suite avec un risque au bout du compte : le chômage. C’est là qu’entre en scène le ministre de l’économie Bruno le Maire. Il consulte tous azimuts.

Il a commencé par les associations de consommateurs. Il va sans doute proposer des chèques énergie, des chèques alimentaires, mais il n’est pas question pour lui de bloquer les prix comme le demande Mélenchon, pas question de baisser les taxes sur l’essence, il ne veut surtout pas creuser le déficit public.

C’est la quadrature du cercle… mais il veut aussi relativiser : l’inflation est pire ailleurs : 8% en Allemagne, 9% en Espagne, 11% aux Pays-Bas.