C’est la polémique du moment. Et elle est née sur les réseaux sociaux. La marque Mon Pouleti publie sur sa page une affiche avec une poule vêtue d'un salouva. Très vite les critiques fusent. La marque renonce au projet de vêtir l’animal du salouva identifié à Zena M’déré, la plus célèbre des chatouilleuses et supprime l’image. Mais trop tard, l’affiche est partagée à plusieurs reprises. Elle choque, elle cristallise les discussions.
Une poule, qui est mangée, qui est consommée, ne peut pas porter les symboles de notre histoire, qui est si douloureuse.
Cette histoire qui a vu certaines personnes perdre leur vie.
Cette histoire qui continue encore, qui ne peut pas être réduite à une publicité pour la consommation de poulets.
Il y a des symboles qui sont quasiment sacrés pour nous et que nous souhaitons que personne n'y touche, surtout pas à des fins publicitaires.
Ce qui est insultant, c'est que la poule est debout. Elle est personnifiée, donc c'est une attaque en règle à la personnalité de la femme mahoraise.
Et à travers ce salouva, c'est la personnalité de Mme Zéna M'déré qui est attaquée. En tant qu'historien et homme politique ayant continué le combat de nos mamans, cela m'a vraiment choqué.
On a vu dans le passé que tout homme ou femme noire a été comparée à un animal. C'est dans l'inconscient ou le conscient français et on a tendance à répéter cela. Il y a quelques années, Christiane Taubira a été comparée à un singe. Les sportifs noirs qui jouent en Europe, on leur jette des bananes, on leur fait des cris de singes.
Une publicité assumée par la marque Mon Pouleti
Une publicité totalement assumée par la marque. Elhad-Dine Harouna, président de L’abattoir de volaille Mayotte regrette la polémique autour de sa publicité qui n’avait pas selon lui vocation à heurter les sensibilités.
A l'époque, on disait que Mayotte était l'île aux parfums. Il y avait donc cette légitimité de mettre des fleurs d'ylang sur le salouva. Nous avons pris ce salouva pour les fleurs d'ylang. Nous notre identité, c'est le poulet, on voulait mettre notre identité sur la culture mahoraise, parce que le salouva reste culturel à Mayotte. Notre idée, c'était de dire que notre produit à sa place dans la société mahoraise, ce n'était pas de heurter quelqu'un. Nous sommes ouverts à toute personne qui pourra nous aider à améliorer notre communication à l'avenir.
Nous connaissons la structure et sa volonté de proposer au consommateur de la volaille locale. C'est très bien. Et nous avons compris que c'est l'agence de publicité qui a proposé l'idée.
Moi, je ne boycotterai pas Mon Pouleti, car c'est une production locale. Je pense que l'on peut avoir d'autres moyens simples, respectueux des Mahorais de la valoriser.
Une publicité marrante pour certains
La publicité Mon Pouleti n’a pas seulement scandalisé. Elle a aussi fait rire certains.
En tant que comédienne, je n'ai pas été choquée par l'affiche. Au contraire, quand je l'ai vue pour la première fois, je l'ai trouvée drôle. D'ailleurs, je me suis demandé s'il n'y avait pas la version masculine et finalement je l'ai vue, avec le shikwayi.
Je ne me suis pas du tout identifiée à cette poule, j'ai juste vu quelque chose de décalé, rien de choquant pour la femme mahoraise, notre culture ou notre identité.
Sur l’espace public, les panneaux d’affichage sont là. La poule porte un salouva différent de celle qu’on retrouve sur les réseaux sociaux. Un coq apparaît également vêtu d’une tenue traditionnelle.