Salime Mdéré a passé une journée en garde à vue dans le cadre d'une enquête débutée en juillet 2022. Comme raconté samedi, il est suspecté d'emploi fictif dans ce qu'on peut appeler un renvoi d'ascenceur avec le président de la CADEMA, Rachadi Saindou. Le premier a été embauché huit mois à la CADEMA, en tant que chargé de mission développement économique alors que le second est arrivé Département, dans un service sous la coupe de Salime Mdéré, le service foncier.
Plus généralement, l'enquête vise surtout le président de la CADEMA sur plusieurs volets. Il a été placé en garde à vue ce lundi par la section de recherche de la gendarmerie.L'enquête a notamment conduit aux auditions d'une vingtaine d'agents dont la directrice générale des services et de plusieurs élus par les gendarmes. Pour un élu, "l'audition a duré 2h30, en tant que témoin". Les enquêteurs suspectent le président de la CADEMA, Rachadi Saindou, de plusieurs délits dont la prise illégale d'intérêt.
280 000 euros pour une société dont les statuts sont retrouvés dans le bureau du président
Pour ce volet de l'enquête, les enquêteurs regardent de près les conditions d'attribution d'un marché accordé à la société May Environnement pour entretenir et curer les fossés de l'intercommunalité. Un marché annoncé par un élu à "280 000 euros". La société retenue a été créée en mars 2021, "elle n'a aucun bilan, aucun matériel". Lors d'une perquisition "les gendarmes ont trouvé les statuts format Word sur l'ordinateur du président" selon des élus et agent de l'intercommunalité.
Le président de la CADEMA, lui, se défend "L’entrepreneur c’est un jeune de mon village. Je le connais bien parce que je joue au foot avec lui mais ce n’est pas un membre de ma famille, ni un ami. Au nom de quoi les petites entreprises n’auraient pas le droit d’avoir du travail à la CADEMA. Il n’y a rien d’illégal.
"Les gendarmes ont trouvé les statuts de l'entreprise dans l'ordinateur du président"
L'adresse est également utilisée par le nouveau gérant de l'entreprise comme domicile selon l'annonce légale publiée en juillet 2022. Parmi ses employés, on retrouve la mère de Rachadi Saindou." Ma mère n’a rien à voir avec ça, elle est commerçante au marché de Mamoudzou. Je sens qu’il y a derrière tout ça, des gens déçus d’avoir perdu leurs privilèges à la CADEMA. C’est peut-être de la vengeance."
À l'adresse indiquée, une maison sur deux niveaux où sèchent des vêtements au rez-de-chaussée comme à l'étage. Près de la porte d'entrée, une affiche de campagne des dernières élections départementales en 2021 où figure le duo gagnant du canton de Tsingoni, Ben Issa Ousséni et Zaounaki Saindou, la compagne de Rachadi Saindou. "Ici, vous êtes chez la mère de Zaounaki" nous annonce une voisine.
Autre volet de l'enquête, comprendre comment le nombre d'agents à la CADEMA a été multiplié quasiment par 4, passant de 36 avant le début du mandat de Rachadi Saindou, à 120 aujourd'hui. "On perd tous nos cadres, remplacés par des agents dits de catégorie C."
Quelle relation entre la CADEMA et son cabinet conseil ?
Mayotte a pu profiter de Wendie Renard, pendant une semaine avant que la capitaine de l'équipe de France poursuive son séjour à Mayotte pour débuter sa préparation pour la coupe du Monde.
Présente à Kavani pour célébrer l'USK, au début du mois, elle a également fait le bonheur des scolaires lors des finalités UNSS de football. Sa venue a été prise en charge financièrement par la CADEMA. "On ne communique pas sur le budget de sa venue" nous dit l'intercommunalité de Dembéni Mamoudzou
Un élu, de son côté, n'y va pas par quatre chemins. "C'est une bêtise monumentale". Tout se serait fait sans délibération, dans le cadre d'une convention établie dans l'urgence. "Le président nous a dit qu'aucune dépense ne sera inscrite dans la convention" qui devait être examinée le 22 juin, lors du conseil communautaire, reporté au 28 juin, faute de quorum atteint.
Wendie Renard et le cabinet de conseil de la CADEMA ont en commun d'être représentés par le même cabinet d'avocat. Les trois parties sont d'ailleurs basées à Lyon. Le cabinet de conseil facture, par exemple, à la CADEMA, chaque discours du président Saindou à hauteur de 600 euros.