Les soignants n'interviendront plus la nuit tant qu'ils n'auront pas de garanties pour leur sécurité

Les soignants du CHM ont manifesté devant le service des urgences ce mardi à la mi-journée
Les soignants du CHM ont manifesté ce mardi midi devant les urgences suite à l'agression de l'équipage d'un véhicule du SAMU. Les soignants font valoir leur droit de retrait et refusent d'intervenir la nuit jusqu'à ce que des mesures soient annoncées pour leur sécurité.

"On ne va plus engager de moyens de secours la nuit pour essayer d'apaiser les souffrances des équipes, et par la suite voir ce que les pouvoirs publics vont nous proposer pour retrouver un fonctionnement normal", explique Nora Oulehri, la directrice du SAMU, suite au débrayage organisé ce mardi 19 décembre devant les urgences du CHM. Une réunion sur le sujet est prévue ce mercredi matin à la préfecture, alors que les soignants font valoir leur droit de retrait suite au guet-apens subi par une ambulance du SAMU la nuit passée.

C'était après une intervention à Dzoumogné pour prendre en charge un patient dans le coma. Sur le chemin du retour, l'ambulance est stoppée par un barrage au niveau de la prison de Majicavo. "Trois individus armés de machettes se sont introduits dans la cabine et s'en sont pris au conducteur", poursuit Nora Oulehri, qui était en charge de la régulation à ce moment-là. "Ils ont coupé le contact eux-mêmes et lui ont demandé de leur donner son portable. Il n'en avait pas, ils ont alors procédé à une fouille au corps, le tout sous la menace d'armes blanches."

"On a peur pour notre vie, et pour celle du patient"

Les trois individus "se dirigent vers la porte arrière pour s'introduire dans la cellule où il y avait le malade avec l'équipe SMUR." Le médecin et l'infirmière "ont agrippé les loquets car les portes n'étaient pas verrouillées de l'intérieur. Dans un moment de lucidité, l'un des trois comparses a dit de laisser tomber", ajoute la cadre de santé. "On a de la chance, car ça n'a pas dégénéré au point de s'en prendre physiquement à l'équipage, ce qui aurait eu des conséquences beaucoup plus dramatiques."

Elle déplore l'impact psychologique de ces violences sur les soignants : "non seulement, on a peur pour notre vie, mais aussi pour la vie du patient qu'on prend en charge. On a atteint un tel degré de vulnérabilité et d'exposition à des voyous, alors qu'on est en France." Des violences qui perturbent également le fonctionnement des services. En un mois, quatre patients en urgence vitale n'ont pas pu être secourus, car les véhicules de secours étaient bloqués par des barrages ou des affrontements.