Les agriculteurs face à la sécheresse à Mayotte

Agriculteur mahorais avec son bidon d'eau
En pleine saison sèche, les éleveurs rencontrent des difficultés pour hydrater le gros bétail. En attendant la saison des pluies, les agriculteurs se débrouillent avec les ressources disponibles. C’est le cas de Chahidi Abdallah dans la commune de Chirongui où il doit s’occuper de deux champs de 4 et 10 hectares.

Agriculteur depuis 1968, Chahidi Abdallah n’a jamais vécu une telle situation. Du manioc qui ne pousse pas, des bananiers qui ne donnent pas de fruit, une rivière sèche, une terre aride.

Avec ses 55 ans d'expérience dans le domaine, l’homme âgé doit modifier sa façon de faire. Tous les matins il remplit plusieurs bidons, avec l’eau du robinet de son domicile, avant de se rendre aux champs avec sa voiture pour hydrater ses 11 vaches. Un bidon de 20L sur son épaule, il explique : “Une vache a besoin de 50L d’eau dans la journée, avec les rivières sèches et les coupures d’eau c’est une mission presque impossible”.

Chahidi Abdallah, agriculteur

L’accès à l'eau demeure le principal problème, pour les agriculteurs poursuit Chahidi Abdallah, “Pendant la sécheresse on n’arrose pas les plantes. On donne la priorité aux vaches. Il y a deux types de vaches. Les vaches locales et les vaches métisses. Les vaches mahoraises peuvent rester deux à trois jours sans boire.”

L’anticipation, la solution pour la crise de l’eau

Ynoussa Hamada est vice-président des syndicats des éleveurs mahorais. Il est également agriculteur. Contrairement à Chahidi, il a pu stocker l’eau de pluie dans des récipients. Malgré ses efforts, il réclame une anticipation de la part des élus : “Pour cette année c’est trop tard. On doit trouver un moyen pour stocker l’eau pendant la prochaine saison de pluie afin d’utiliser cette eau à la saison sèche. On devrait nous donner des citernes pour stocker l’eau sinon les animaux vont mourir”.

Agriculteur avec son bidon d'eau

Il n’y a pas que les animaux qui sont impactés par cette crise. Selon Ali Amboudy, président des syndicats des éleveurs mahorais, la biodiversité risque de disparaître. “Les mangues commencent à fleurir mais notre grande inquiétude c’est que, quand la sécheresse est dominante, ça ne va pas tenir et on risque de ne pas avoir de mangues cette année”.

Depuis 2017, la situation empire pour les agriculteurs du Sud, particulièrement pour ceux qui exercent dans les hauts de leurs villages.

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